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Chapitre 7 – Christophe

Mira : C’est la Reine, c’est votre mère. Elle vous attend depuis près de 50 ans Terriens.
Élisa : Allez ouvrir la porte. Allez…
L’homme va ouvrir la porte et les cris s’arrêtent juste à ce moment là. Il reste dans l’encadrure sans voix. On entend des pas se précipiter et la femme se plante juste devant lui.
La Reine : Christophe ?
L’homme : Je suis désolée, ce… ce n’est pas mon nom.
La Reine : Christophe !
Et elle fond en larmes.

Elle regarde son mari et lui dit : « c’est lui , c’est lui. ».
Le Roi : Oui, c’ets certainn. Je le sens moi aussi.
L’homme : Qu’est-ce qu’il m’arrive ?
Mira : Les Frigellyiens ont un psychisme particulier. Vous êtes en train de ressentir la filiation. C’est un lien profond entre les parents et leurs enfants. Les Terriens diront que c’est l’amour, mais si ce n’est pas entièrement faux, c’est quelque chose d’un peu différent. L’amour n’est que la conséquence au final. Vous ressentez votre origine, ce que vous partagez avec eux. C’est dans votre cœur et dans votre esprit.

L’homme se prend la tête dans les mains.
L’homme : Ça fait mal !
La Reine : Mon Dieu, Christophe je te demande pardon. C’est ma faute. Je dois être trop émue. Tu dois le ressentir ça aussi et comme c’est la première fois depuis si longtemps… Tu n’étais qu’un bébé. Je… vais essayer de me calmer.
Le Roi pose une main sur la joue droite de la Reine et se met à lui parler d’un ton apaisant.
Le Roi : Nous l’avons trouvé. Tout va bien maintenant. Nous pouvons être à nouveau sereins. Regarde comme il a l’air en bonne santé. Il est beau. Et fort. Et il te ressemble tant. Ne pleure pas. Tes yeux doivent pouvoir le voir. Il va être tout brouillé.
La Reine laisse échapper un rire nerveux.
La Reine : Tu as raison. Quel spectacle je donne là.

Elle écrase du pouce une larme qui coule des yeux de son mari. Elle lui sourit. Elle sait bien qu’il est aussi ému qu’elle et ils se sont toujours épaulés l’un l’autre. Elle sait qu’il a raison. Tous deux se taisent et respirent profondément. Ils se tournent ensemble vers leur fils qui n’a pas bougé d’un pouce.
Le Reine : Allons nous devoir rester ici, ou nous proposes-tu d’entrer ?
L’homme : Euh, s’il vous plait, entrez…
Helena, Mira, Élisa et Reymo, qui se tenaient juste derrière lui, font de la place pour laisser passer le couple royal. La porte est fermée derrière eux.

Helena : Madame, vous êtes sa mère alors…
La Reine : J’en suis certaine. Et vous, qui êtes vous ? Et ce charmant bambin dans vos bras ?
Helena : Je suis Helena et voici ma fille Lucia. Je suis la femme de … votre fils.
L’homme : Vraiment Helena, tu le crois ? Tu crois que je suis leur fils ?
Helena : Oh je le vois. Ça crève les yeux. Tu lui ressembles. A ta mère. Ton père a raison.
La Reine : Tu es donc marié, et cette enfant ?
L’homme : Je suis son père… même si je ne suis pas son géniteur. Lucia n’a pas d’autre père que moi.
La Reine : Vous formez une famille adorable.
Helena : Madame, ces gens ont dit – et elle montre Mira et Reymo – que vous vouliez ramener votre fils à la maison. Mais sa maison est ici, sur Terre.
La Reine et le Roi se regardent.
La Reine : Nous comprenons votre attachement à l’endroit où vous vivez depuis tant d’années, mais permettez que vous nous invitions à visiter notre chez nous. Christophe qu’en penses-tu ?
L’homme : Je m’appelle Christophe alors ?
Élisa : C’est un nom Terrien ça.
La Reine : Ne dites donc pas de sottises ma fille. C’est un prénom totalement Frigellyen. Sans doute une traduction approximative due à la technologie que vous utilisez. En Frigellyen ancien ce prénom veut dire « porteur du feu sacré ». Ce prénom Christophe a peut-être une histoire similaire sur Terre.
Élisa : J’avoue Madame que je n’en sais rien.
La Reine : Dans ce cas la discussion est close. Et toi mon enfant, veux tu que nous te laissions avec ton épouse que vous puissiez discuter de ce que vous souhaitez faire ?
Christophe : Je pense que j’apprécierai assez oui.
La Reine : Permets-tu que ton père et moi te serrions dans nos bras avant. Cela fait si longtemps que nous attendons.
Christophe regarde Helena qui acquiesce.
Christophe : Oui. Je pense que oui.
Et ils se serrent tous les trois ensembles, un parent de chaque coté du fils. Au moment où le père et la mère reculent pour s’éloigner du fils, celui-ci les rattrape de ses longs bras et prolonge l’étreinte. Son cœur a parlé et les a reconnus. Il sait maintenant. Il est sûr. Puis l’étreinte se relâche.
Christophe : Helena et moi devons parler maintenant.

A ce moment précis, la porte d’entrée s’ouvre brutalement. Et deux personnes masquées entrent. Helena pousse un hurlement de terreur. Jamais de sa vie elle n’avait vu quiconque masqué. Et le choix de ces curieux personnages n’était pas de nature à rassurer qui que ce soit dans la pièce. Les masques étaient proprement hideux autant d’un point de vue Terrien que d’un point de vue Frigellyen. L’ensemble des protagonistes excepté les deux intrus recule vers le fond de la pièce, face à la porte.
Chaque camp se regarde en silence. Puis les deux personnages masqués se mettent à discuter.

Masque 1 : Tu vois lequel que c’est ?
Masque 2 : Il fait sombre. Mais ça doit être le deuxième à partir de la gauche. Les autres, je les connais, à part les deux filles là et le bébé. Mais nous c’est un homme que nous cherchons. N’est-ce pas Majesté ?
La Reine : Qui êtes vous ? Que voulez vous ?
Masque 1 : Nous voulons votre fils. S’il ne vient pas de lui même, nous vous paralyserons tous et nous l’emmènerons de toute manière.
Et Masque 2 sort de sa poche une sorte d’injecteurs.
Reymo glisse dans l’oreille d’Elisa : ça envoie de fines aiguilles et le poison est à l’intérieur.
Et le plus bas qu’il peut : “Vous êtes dans une machine”.
Masque 2 : Ça suffit les messes basses. Le fils vient où tout le monde se prend sa dose. C’est très désagréable.
La Reine : Il ne vous aidera pas. En tant que souveraine, je le lui interdis.
Christophe : Je vous demande pardon, vous êtes ma mère depuis à peine 5 minutes et vous  avez déjà la prétention de m’interdire quelque chose ?
Il lui fait un clin d’œil furtif.
La Reine : Avant d’être ta mère je suis ta Reine et tu dois obéissance à la Reine.
Christophe : Jamais, jamais je n’obérai à une mégère autoritaire toute Reine soit-elle !
Et la Reine lui envoie une gifle. Christophe se frotte la joue en secouant la tête. Il commence à trouver douteux les talents d’actrice de sa mère. Quant à sa mère elle ne s’était jamais fait traitée de mégère. La gifle lui a échappée..

Affolé par la tournure des événements, Masque2 a commencé à tirer et c’est le roi qui est touché en premier. La Reine et Christophe continuant à se disputer en guise de diversion n’ont rien vu. Mais Helena si. Elle donne d’autorité le bébé à Mira et se met devant Christophe au moment où une des aiguilles aurait du l’atteindre. Elle s’écroule. Profitant de la situation de confusion, Élisa fonce sur les deux Masques, se mettant sur le chemin de chacune des autres aiguilles.
Oubliant toutes les leçons de combat du Commandant, c’est d’un poing vengeur qu’elle cueille le tireur – après tout si son révélateur montre une jeune fille, elle est dans un corps d’homme. Et elle rattrape Masque1 qui cherchait à s’enfuir en se matérialisant devant lui.
Élisa : Si vous ne voulez pas que votre mâchoire finisse en bouillie comme celle de votre copain, je serai vous, je ne bougerai plus. Mains derrière la tête. Marchez devant moi, on repart à la maison et ne tentez rien. Je suis énervée.
Masque1 regarde le nombre d’aiguilles plantées dans le corps d’Elisa avec incrédulité.
Élisa : ça vous étonne hein ? Tenez je vais vous montrer quelque chose.
Et elle presse successivement  le bouton triangulaire et le bouton rond.
Élisa : Corps de voyage Dalygarien occupé par une Terrienne. C’est une machine sur laquelle vos aiguilles ont piqué.
Reymo : Vous n’auriez pas du faire ça.
Élisa : Quoi ?
Reymo : Lui montrer qui vous êtes vraiment.
Élisa allait répondre mais elle voit Christophe à genou serrant Helena dans ses bras. Il pleure.

Élisa : Elle est…
Christophe : … morte.
Christophe laisse éclater sa douleur. Sa mère s’agenouille auprès de lui tenant le bébé d’un bras et lui enserrant les épaules de l’autre.
Mira est en train de soigner le Roi.
Reymo : Ces flèches sont des paralysants pour les Frygelliens mais elles sont apparemment mortelles pour les Terriens.
Élisa arrache les masques des deux assaillants qui sont maintenant assis par terre toujours les mains derrière là tête.
Elle devient enragée : « Vous avez tué quelqu’un !» et elle ponctue ce dernier mot par une immense gifle à l’un des deux hommes à terre, qui bascule sous la violence du coup.
Reymo : Elisa !
Élisa : Quoi ?
Reymo : Calmez vous. Vous ne maîtrisez plus votre force. C’est ce qu’on vous a appris sur Dalygaran, à frapper les gens à terre ?
Élisa : Je…
Tout à coup le souvenir de ses combats avec le Commandant lui revient. Sa rage se transforme en une immense tristesse.
Élisa : Non. Je crois que le Commandant n’aurait pas approuvé. Même si ce qu’ont fait ces gens est terrible.
Reymo : Le Commandant ?
Elisa : Mon Maître d’arme.
Mira : Continuez sur cette pente et vous allez cruellement le décevoir…
Elisa : Il n’est plus de ce monde. La maladie qui fait rage sur Dalygaran l’a emporté il y a peu.
Christophe: Vous l’aimiez comme j’aimais Helena ?
Elisa: Je… je ne sais pas. Tout ce que je sais c’est qu’il me manque. Il me manquait depuis que j’étais partie de Dalygaran. On s’est quitté un peu en froid. Mais j’’avais vraiment envie de le revoir. Et ce n’est plus possible maintenant.
Christophe : Mais qu’est-ce que je vais faire maintenant, sans elle ? Je ne veux plus rester seul.
La Reine : Mon fils, tu n’es plus seul désormais. Veux-tu qu’on organise une cérémonie pour Helena ?
Christophe : Oui mais pas ici. Partons. Allons donc sur cette planète qui m’a vu naître.
La Reine: Tu es sûr ?
Christophe : Les gens d’ici nous avaient rejeté tous les deux. On ne manquera à personne.
Mais j’aimerai savoir, eux, pourquoi se sont-ils attaqué à nous ? Pourquoi nous voulaient-ils du mal ?
La Reine : La guerre est terminée là-haut, mais il en reste des séquelles. Nous avons des opposants très virulents qui visent le trône. Ton père et moi allons devoir abdiquer dans une centaine de jours. Notre règne ne peut pas durer plus de 50 ans Frygelliens et nous y sommes. Nous aimerions que tu considères la possibilité de nous succéder. Même si cette planète est toute nouvelle pour toi.
Christophe: C’est pour m’empêcher de vous succéder que ces deux-là sont venus ici ?
Masque1: Le peuple ne votera pas pour un étranger.
Christophe : Que craigniez vous dans ce cas, ce n’était pas la peine de chercher à m’empêcher de revenir… C’est quoi cette histoire de vote ?
La Reine : Les monarques sont élus sur Frigellya. Il doivent recevoir l’assentiment du peuple pour pouvoir régner.
Christophe : Helena est morte à cause de cette histoire de succession. Alors écoutez moi bien les deux guignols, je vous promets que je ne serais pas longtemps un étranger sur cette planète. J’ai une centaine de jours pour apprendre à la connaître et me faire connaître. Je suis le fils du couple royal et j’ai une motivation : neutraliser les gens comme vous. Je veux faire de Frigellya un monde guerri de la violence qu l’anime encore. Et si je ne suis pas élu, inlassablement je travaillerai pour la paix. Je veux une une vie meilleurs pour ma fille.
Le Roi : Mon fils, aie l’assurance que ta mère et moi te soutiendrons sans réserve. T’avoir a été un immense cadeau. Te perdre une véritable déchirure. Et te retrouver un tel soulagement. Nous ne faillirons plus à notre devoir de parents désormais.
La Reine : Nous t’avons eu très tard, tu sais. Je ne pensais d’ailleurs plus pouvoir avoir d’enfant quand tu t’es annoncé. Nous t’avons eu, puis très vite avons du te cacher pour te protéger. C’est comme ça que tu es arrivé ici. Si je ne m’étais pas trompée en recopiant les coordonnées, il ne nous aurait pas fallu si longtemps pour te retrouver.
Christophe : Mère, vous n’avez jamais cessé de me chercher apparemment, père et toi. J’aurai aimé que nos retrouvailles soient moins… tragiques.
La Reine : Ton épouse a donné sa vie pour te protéger.
Christophe : Mais j’aurai survécu moi. Elle n’aurait pas du…
La Reine : Je sais mon fils, je sais. Mais elle n’a pas pensé à elle. Elle a pensé à toi. C’est ce que font les époux : penser l’un à l’autre. Elle te laisse son enfant. Ton enfant, celui que tu chéries dans ton cœur.

Et la Reine qui pendant out ce temps avait toujours Luciat dans ses bras tend l’enfant à son père. Christophe sert sa fille dans ses bras.
Christophe : Partons.
La Reine : Mira, cette enfant est Terrienne. Vous allez devoir inclure son profil pour qu’elle puisse entrer dans notre bulle de sécurité et utiliser le transporteur.
Mira : Je dois prendre un échantillon de son sang Madame.
La Reine : Eh bien qu’attendez-vous ?
Mira et Reymo s’affairent pour que tout le monde puisse rentrer sur Frigellya, y compris le corps d’Helena.
Christophe : Lucia va vieillir plus vite que les autres enfants sur Frigellya, n’est-ce pas ?
La Reine: Elle est suffisamment jeune pour qu’on tente d’agir sur son horloge biologique et son métabolisme. Elle risque de devoir prendre un traitement toute sa vie, mais son métabolisme ainsi modifié lui permettra une croissance semblable à la notre. Ne t’inquiète pas mon fils, nous ferons tout pour que Lucia se sente chez elle chez nous. Dès notre arrivée nous la ferons examiner par nos meilleurs médecins.
Christophe : J’espère que ça marchera. Je vais aider Mira et Reymo.

La Reine s’approche d’Élisa.
La Reine : Mon enfant, vos capacités sont étonnantes. Vous êtes d’une rapidité incroyable, mais vous devez apprendre à maîtriser vos émotions. Avec votre force, elles sont votre pire ennemi.
Élisa : Madame, je n’avais jamais mené bataille.  Je… n’ai pas d’excuse pour mon comportement. J’espère ne jamais plus vivre ce genre de chose. Je ne suis pas un soldat.
La Reine : Vous avez pourtant pris la bonne décision et sans aucune hésitation. Dès que vous les avez vues, vous n’avez loupé aucune aiguille. Vous êtes douée.
Élisa : Mais je ne me contrôle pas toujours c’est vrai.
La Reine : Je connais quelqu’un qui pourrait vous aider. Mon frère. C’est un maître d’arme réputé. Il a formé Mira et Reymo.
Élisa : Madame, j’ai une autre mission qui m’attend.
La Reine : Mon enfant croyez moi. Avec votre rapidité quelques séances suffiront et vous ne savez jamais ce qui peut vous arriver lors d’une mission. Plus de self contrôle ne pourra que vous être très utile. Promettez-moi d’accepter quelques leçons avant de repartir.
Élisa : Je… Je ne sais pas.
Mira s’approche d’Élisa et lui murmure : « ce serait très impoli de refuser ».
La Reine : Mira, vous ne cherchez pas à influencer Élisa j’espère.
Mira : Influencer Élisa Madame ? Cette fille est…
Élisa : … impossible à ce qu’on dit. C’est bon. J’accepte.
Reymo : Le transporteur est près. Vous nous rejoignez Élisa ?
La Reine : Au salon d’honneur du Palais. Laissez-nous un peu d’avance. J’annonce votre arrivée, qu’on vous laisse passer. Présentez-vous à la grande porte du Palais. Sous votre forme humaine de préférence.
Élisa : Bien Madame.

Et les voilà tous partis, laissant Élisa seule au VIe siècle en Mésopotamie.
Avant d’aller sur Frigellya, elle prend une décision : elle doit voir les deux Martins.
Et elle se dématérialise.

Annie

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