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Chapitre 8 – Interlude

Paul : Élisa, mais ça fait à peine cinq minutes qui tu es partie. Où sont Mira et Reymo ?
Élisa : Rentrés chez eux. Il s’est passé bien plus de temps là où nous sommes allés. Et j’ai besoin de vous parler. A tous les deux.
Et Élisa se met à raconter aux deux Martins ce qu’elle vient juste de vivre.

Élisa : Tout va trop vite. Je n’y arrive plus. Cette pression que je sens sur mes épaules, c’est énorme. J’aimerai redevenir la fille insouciante que j’étais avant mon voyage sur Dalygaran.
Sylvestre : Élisa, tu sais bien que ce n’est pas possible.
Élisa : Oui, je sais. Mais je suis au bord de l’explosion.
Paul : Que t’avons nous dit, il n’y a pas si longtemps ?
Élisa : Je dois laisser du répit à mon esprit.
Paul : Tu es une jeune Terrienne de 25 ans qui vit ce qu’aucun autre Terrien de son époque ne vivra jamais. C’est déjà en soi quelque chose de peu évident à gérer. Et jusqu’ici, tu t’en es très bien sortie.
Élisa : Oui, mais parce que je vous ai. Vous vous rendez compte que mes amis, mes parents ne savent rien de tout ça. J’ai… deux vies. Et il y en a une que je dois cacher à tout le monde. Sauf vous. Ils avaient peut-être raison sur Dalygaran à propos de ma mémoire… Il aurait mieux valu que j’oublie.
Sylvestre : Mais tu ne peux pas. Souviens toi : régénération spontanée de la mémoire. Tu aurais fini par te souvenir. Cependant tu dois apprendre à te ménager, à t’accorder des pauses. Et c’en est une là non ? Je sais que de notre point de vue, tu viens à peine de finir ton petit-déjeuner, mais que dirais-tu de remettre un peu de “carburant” dans ton corps de voyage ?
Élisa : Il reste de la brioche ?
Les deux Martins se mettent à rire.
Sylvestre : Tu as tout dévoré. Littéralement.
Paul : Il reste des œufs, du pain… du miel. Mais peut-être préférerais-tu quelque chose de plus consistant ?
Élisa : Un œuf coque. Avec des mouillettes. Ça me plairait bien. Quoi ? Vous ne connaissez pas ?
Sylvestre : Un œuf coque, ça ne se mange pas à la petite cuillère tout simplement ?
Élisa : Voyons, un œuf coque sans mouillette, ce n’est pas un œuf coque. Il faut couper le pain en forme de bâtonnets. Il y en a qui mette un peu de beurre dessus, mais moi je ne le fais pas. Et tu trempes ton pain dans le jaune. C’est absolument délicieux.
Paul : Allons pour des œufs et des mouillettes. Tu en veux combien ?
Élisa : Un seul, ça suffira.
Paul : 3 minutes dans l’eau bouillante c’est ça ?
Élisa : Tout à fait.

Quelques instants plus tard.
Élisa : Je vous l’avais dit. Il n’y a rien de meilleur qu’un œuf coque et ses mouillettes. C’était excellent.
Sylvestre : Tu viens de bailler. Tu devrais penser à te reposer maintenant.
Élisa : Je suis attendue… sur Frigellya.
Sylvestre : Une petite sieste te permettra d’y arriver en pleine forme. Si tu bailles, c’est que tu as besoin de repos. Laisse ton esprit récupérer.
Élisa sait bien que Sylvestre a raison. Elle doit se permettre quelques moments de répit si elle ne veut pas s’écrouler.
Élisa : Je vais m’installer dans le fauteuil là-bas. Je peux avoir de quoi dessiner ? Vous m’avez donné un carnet de vrai papier une fois. Il manquait une feuille ou deux.
Paul revient avec un carnet.
Élisa : On dirait exactement le même. Mais sans une seule feuille manquante.
Sylvestre amène quelques crayons gras.
Élisa : Je n’ai besoin que du noir.
Paul et Sylvestre s’éclipsent. Et lorsqu’ils reviennent, Élisa est endormie. Au pied du fauteuil, le carnet et le crayon. Sylvestre les ramasse et ouvre le carnet. Sur la feuille du dessus, il découvre deux portraits, celui d’un homme et d’une femme.

Il était en train de contempler le dessin lorsqu’il entend une voix familière.

Élisa : J’ai dormi longtemps ?
Sylvestre : Ça fait une heure que tu es dans ce fauteuil. Et tu as dessiné ça.
Élisa : La Reine et son fils. Ils se ressemblent, tu ne trouves pas ?

Sylvestre sourit : “C’est vrai” lui répond-il.

Élisa : Je dois y aller maintenant. J’ai juste un petit détail à régler. Et elle appuie sur le bouton carré de son révélateur.
Mira et Reymo ne tardent pas à arriver.
Élisa : Coordonnées ?
Reymo : Comment ?
Élisa : Coordonnées ! J’ai une invitation de la Reine. Daignerez-vous m’indiquer à quelle époque je dois venir ?
Mira et Reymo restent sans voix.
Mira : Vous n’avez pas les coordonnées ?
Élisa : Et qui me les aurait données ?
Reymo : Tout est allé si vite…
Élisa : Je ne vous le fait pas dire. Je dispose d’un régulateur.
Reymo : Montrez nous ça.
Il ne peut retenir un sifflement d’admiration.
Reymo : Ce sont eux qui vous l’ont donné, n’est-ce pas ?
Et il indique du regard Paul et Sylvestre qui se tiennent en retrait.
Élisa : Oui.
Reymo : Il peut communiquer avec nos tablettes de navigation ?
Paul : Bien sûr que oui. Il reconnaitra n’importe quel type de coordonnées. Mais attention Élisa c’est instantané. Du moment que le régulateur reçoit des coordonnées, il t’y emmène.
Élisa : Compris. Paul Sylvestre, à très bientôt. Mira, Reymo, je suis prête.

Élisa se dématérialise et se rematérialise devant une grande porte blanche à deux battants, ornées de dessins sculptés.
Élisa : Les portes du Palais, murmure-t-elle.

Les deux battants s’ouvrent quasi sans bruit. Un homme s’avance vers elle.

“Dame Élisa ? La Reine vous attend au salon d’honneur, veuillez me suivre”
Élisa le suit sans un mot. “Dame Élisa” se dit-elle. Voilà qui est nouveau.
Arrivés dans le salon d’honneur, c’est la Reine elle même qui vient l’accueillir en lui donnant l’accolade.
La Reine : Mon enfant, j’ai cru un moment que vous ne viendriez jamais. Mira m’a dit que vous étiez chez des amis. Que diriez vous d’une visite du Palais avant toute chose ?
La  Reine n’attend pas la réponse d’Élisa, et la prend par le bras pour l’emmener voir les autres pièces.
Après une bonne heure Terrienne de pièces tout aussi somptueuses les unes que les autres et de grands escaliers, la Reine demande à Élisa :

– Avant que je ne vous présente à mon frère, souhaitez vous un rafraîchissement ?
Ce n’est pas tant qu’Élisa ait vraiment soif, mais elle redoute la rencontre avec le maître d’armes, aussi elle répond :

– Oui, avec grand plaisir.
Mais le moment tant redouté finit par arriver.

La Reine : Élisa, je vous présente Nori, mon frère. Je vous laisse avec lui.
Nori : Enchanté de faire votre connaissance Élisa. Ma sœur m’a dit que vous aviez besoins de mes conseils. Gestion de la pression m’a-t-elle dit.
Élisa : Écoutez, je ne sais pas ce que vous pouvez faire pour moi. Mais votre sœur est très persuasive.
Nori : Je sais, répond-il en riant. Permettez que je vous emmène à la salle de combat.

Les voici maintenant tous les deux dans à la salle de combat.

Nori : Votre révélateur, désactivez-le. Je ne peux pas me battre avec une image, j’ai besoin de vous voir telle que vous êtes.

Élisa appuie sur le triangle.
Nori : Oh, si je m’attendais à ça. C’est… ?
Élisa : Dalygarien et c’est un corps d’homme.
Nori : D’accord. Vous avez une tête de plus que moi là-dedans.
Élisa : Le modèle est unique. Il n’y a pas d’autre taille.
Nori : Vraiment ?
Élisa : Vous pouvez me croire.
Nori : Avant toute chose j’ai besoin de connaître votre niveau au combat. On y va.
Et Nori saisit un bâton appuyé sur le mur tout près. Il ne faut pas longtemps à Élisa pour le désarmer et le combat continue ensuite à mains nues.

Nori : Vous êtes excellente. Qui vous appris tout ça, un Dalygarien ?
Élisa : Oui, le Commandant Cristal de Lune.
Nori : Je serais ravi de le rencontrer…

Élisa s’arrête et le regarde tristement.
Élisa : C’est… impossible. Il n’est plus de ce monde.
Nori : Oh… Je suis profondément désolé. Je ne savais pas
Élisa : Et comment auriez vous pu ? Nori, c’est justement pour ça que je doute que vous puissiez m’aider. Je ne veux pas d’un autre instructeur, vous comprenez.
Nori : Élisa, je n’ai strictement rien à vous apprendre sur les combats. Votre instructeur a fait un travail remarquable et il a eu, je pense, une élève remarquable. Mais laissez moi quand même vous aider. La gestion de la pression n’a rien à voir avec la technique de combat. C’est autre chose.  C’est un travail sur soi. Sur qui ont est vraiment. Et avec le niveau que vous avez, vous ne pouvez pas vous permettre de perdre votre sang-froid. Ça fait de vous quelqu’un de dangereux. Un bon soldat ne se laisse pas envahir par la rage.
Élisa : Je ne suis pas un soldat.
Nori : Oh, Élisa, j’ai eu peu de temps pour discuter de vous avec ma sœur, mais de ce qu’elle m’a raconté, vous êtes selon elle, une combattante dans l’âme.
Élisa reste sans voix.
Nori : Vous devez vous contrôler.
Élisa : J’ai besoin de temps. Tout est allé bien trop vite.
Nori : C’est exactement ça qui vous met la pression et que vous devez savoir gérer. Vous devez aussi vous ménager des pauses.
Élisa : Ça j’ai commencé.
Nori : Parfait. Vous devez pouvoir vider votre esprit de temps à autres. Totalement.
Élisa : Je dors.
Nori : Totalement j’ai dit. Vous ne pourrez y parvenir que par la maîtrise d’une technique de relaxation. Mais tout ça n’est que préventif. En situation de combat, la pression monte parfois d’elle même. Vous devez en faire une force.
Élisa : Comment ?
Nori : En perdant votre calme à l’entraînement et en en tirant les enseignements par vous même. Vous êtes la seule personne qui puisse vraiment vous aider. Je connais quelqu’un qui sait faire sortir n’importe qui de ses gonds. Elle va nous aider. Enfin vous aider. Attendez moi ici je vais la chercher.
Nori disparait pendant quelques minutes et revient avec une femme.
Élisa : Mira, voyez-vous ça. Pourquoi je ne suis pas étonnée ?
Mira : C’est elle que je dois asticoter ?
Nori ; Oui.
Mira : J’ai pas de temps à perdre avec une Terrienne.
Élisa : On dirait que notre expert se dégonfle.
Mira : Tu te surestimes chérie. Mais j’ai l’habitude d’avoir des élèves un peu moins… primitif.
Élisa : Je ne suis pas votre élève, mais votre adversaire. Et venez donc tester la primitive que je suis. Venez.
Mira : Trop facile. Prenez un bâton et essayez de m’atteindre.
Nori : Mira, tu ne l’auras pas sur ce terrain là. Elle m’a désarmé.
Mira : Vraiment ? Cette sale petite gamine de la planète Terre?
Élisa se saisit d’un bâton et fond sur Mira en criant : “Je ne suis pas une gamine”. Elle arrête le bâton alors qu’elle s’apprêtait à la frapper entre les deux yeux. Puis elle le lâche hébétée.
Mira : Nori, rappelle moi de ne jamais me battre avec elle. Elle est rapide et dangereuse. Élisa, vous pensez avoir échoué, je le vois bien. Mais vous n’avez pas frappé. Vous êtes sur la bonne voie.
Élisa : Mira, je suis désolée…
Mira : Tout va bien. Mais Nori, je pense qu’à l’avenir, il vaut mieux passer par des simulations.
Nori : Oui, ça me semble évident.
Élisa : Je…
Nori : Élisa, tout le monde passe par les simulations. Enfin, ceux que j’entraine. Vous devez être confronté à des situations et des stress variés pour mieux réagir plus tard. Mais je pense que ça suffit pour aujourd’hui. Nous commencerons demain.
Élisa : Je veux commencer maintenant.

Nori : Je pensais que vous aviez compris pour les pauses que vous deviez vous aménager.
Élisa : Je vais très bien. Je me suis assez reposée aujourd’hui.
Nori : Vraiment ? Nous allons voir ça.
Et Nori la conduit dans la salle où se trouve le simulateur.
Nori : Nous devons procéder à quelques tests d’abord. Vous êtes dans un corps de voyage. La connexion avec votre esprit n’est pas directe. Laissez moi installer les capteurs.
Nori s’affaire et colle des pastilles rondes sur le dessus des mains, les chevilles et sur le front d’Élisa. Puis il s’en va jusqu’à une console.
Nori : Vous voyez quelque chose ?
Élisa : Non.
Nori : Maintenant?
Élisa : Toujours pas. Ah si, je commence à apercevoir quelque chose. Nori ? Nori ?
La voix de Mira : Alors ma belle, toujours partante ? Revenons à notre précédente bataille.
Et Élisa se retrouve à nouveau avec la Reine, le Roi, Christophe, Helena, la petite Lucia, Mira et Reymo, face au deux personnages masqués dans la petite maison en Mésopotamie.
La voix de Mira : On ne peut pas changer ce qui s’est passé dans sa propre ligne de temps. Tu ne peux pas sauver Helena.
Élisa n’en a cure. C’est une simulation. Alors elle essaie quand même.
Elle empêche Helena de se mettre entre l’aiguille et Christophe. Celle-ci se débat et tombe sur le coin de la table, en cherchant à rattraper Christophe qui s’effondre paralysé. Elle se brise la nuque. Élisa n’ayant pas réagit assez tôt, en plus du Roi, la Reine et Reymo on été atteint.

La voix de Mira : Tu as empiré la situation. Je t’avais prévenue. Helena est toujours morte et deux autres personnes sont paralysées.
Élisa court maintenant vers les deux personnages masqués, interceptant les aiguilles qu’il reste. Comme la première fois, elle décoche un coup de poing gigantesque dans la mâchoire du tireur et poursuit ensuite celui qui s’enfuit en utilisant la dématérialisation. La rage la saisie à nouveau. Helena est morte. Helena est morte par ma faute, pense-t-elle.
Puis tout disparait. Nori lui enlève les pastilles rondes.
Nori : Je vous  l’avais dit. Vous n’étiez pas prête. On reprend demain.

Le lendemain.
Nori : Vous n’avez pas l’air en forme.
Élisa : J’ai cauchemardé toute la nuit.
Nori : Il s’agissait d’une simulation. Vous n’avez tué personne.
Élisa : Apparemment je pourrais.
Nori : Vous n’écoutez pas ce qu’on vous dit. Ça vous joue des tours. Et paradoxalement, c’est ce qui fera aussi de vous un soldat bien supérieur aux autres.
Élisa : Je ne veux pas être un soldat.
Nori : Si vous le dites. Néanmoins, vous devez accepter le fait qu’il y a des règles immuables qu’on ne peut briser, comme celle de ne pas chercher à changer sa propre ligne de temps. Pour les autres, vous saurez quand ne pas les appliquer. Hier, ce qui aurait été étonnant, c’est que vous ne cherchiez pas à changer les choses dans la simulation. Vous ne recommettrez plus jamais cette erreur, croyez moi. Mais vous n’avez pas su canaliser votre rage. Comme la première fois. C’est pourquoi j’ai tout arrêté. Nous allons faire une autre simulation aujourd’hui. Et si tout se passe bien, nous en ferons une autre. Votre formation sera terminée lorsque vous en aurez réussi cinq.
Élisa est prête à tout faire pour que cette session de formation soit la plus courte possible. Mais malheureusement, ce n’est qu’à partir de la troisième simulation, que ces résultats commencent à s’améliorer. Nori lui accorde la réussite de justesse, avec quelques réserves.
A son quatrième jour sur Frigellya, Élisa atteint enfin les cinq simulations réussies. Contrairement à ce qu’elle avait pu vivre sur Dalygaran, elle n’a pas eu de temps libre l’après-midi. La formation est restée continue et les après-midis consacrés à la méditation et la relaxation. Quatre jours passés sur Frygellya et elle n’en avait vu que le Palais, grâce à la Reine, et surtout la salle de combat, celle de simulation et sa chambre.
C’est dans sa chambre qu’elle est, lorsque Mira et Reymo frappent à sa porte.

Mira : Nous avons appris que vous avez fini votre entraînement.
Élisa : Oui. C’est terminé.
Reymo : Vous n’avez pas l’air satisfaite.
Élisa : Ce que j’ai fait sur Terre en Mésopotamie, quand j’ai frappé ce gars à terre, je n’en suis pas fière. Ce n’est pas ce qu’on m’a enseigné. Et c’est plus pour rester fidèle à celui qui m’a tout appris, que j’ai accepté de venir ici. Je ne veux pas déshonorer sa mémoire. Je me contrôle mieux maintenant. Mais ma mission aujourd’hui est d’aller chercher une plante dans le passé Dalygarien. Franchement, vous croyez que tout ça va me servir ? Quand j’aurai fini, je rends le corps de voyage et basta. Je ne suis pas un soldat Dalygarien. Sur Terre,  je ne me bats pas. Je dessine.
Mira : Oh Élisa, croyez moi, vous n’êtes pas faite pour rester coincée sur Terre. Nous vous reverrons après votre mission pour Dalygaran, j’en suis certaine. Et c’est pour ça que nous allons vous montrer notre abris à Reymo et à moi. Un endroit connu de nous seuls, et où vous pourrez nous rejoindre en cas de pépin.
Élisa : Mira, vous n’écoutez pas…
Mira : C’est ce que nous avons en commun Élisa. Venez.
Reymo et Mira emmènent Élisa dans une pièce où elle aperçoit plusieurs tabourets.
Élisa : Ce sont des sièges de transporteur ?
Reymo : Vous allez devoir voyager avec nous, car nous avons besoin de brouiller les traces.
Élisa : Oh.
Elle prend place et Mira entre les coordonnées sur sa minitablette.
Les voilà partis. Ils arrivent dans un endroit coquet. Avec juste un canapé, une table et un grand écran dans un des murs.
Reymo : Tous nos dossiers sont ici.
Il appose trois de ses doigts sur le bord de la table, et une console surgit. L’écran dans le mur s’allume.
Mira : C’est en quelque sorte notre QG. Venez ici en cas de besoin. N’hésitez pas.
Élisa : Écoutez c’est très gentil. Je ne sais pas si je reviendrai un jour, alors avant de partir, j’aimerais vous poser une question. Quand on était sur Terre en Mésopotamie, vous avez dit à Christophe que la suggestion ne marcherait pas sur moi, car j’étais un peu comme vous. Qu’avez vous voulu dire ?
Mira et Reymo hésitent. Ils se regardent sans rien dire.
Élisa : Oh allez. Vous m’avez amenée à votre base secrète. Vous avez donc confiance en moi.
Reymo : Elle a raison, Mira. Et elle nous a aidé à trouver le fils du couple royal. On lui doit la vérité.
Mira : D’accord. Alors écoutez bien Élisa…

Et Mira lui raconte tout, tel qu’elle l’avait déjà fait plus tôt devant la Haute Court Frigellyenne.
Elle termine son explication par, “C’est pourquoi vous avez ces aptitudes comme les nôtres, grâce à nos gènes ancestraux.”
Élisa : Ouah. Alors comme ça, mes voyages gagnés grâce à la loterie et tout ce qui a suivi, c’est votre œuvre finalement. Je n’aurais probablement jamais atteint Dalygaran sans votre manipulation génétique… Je n’aurais pas connu tous ces gens. Et comment aurait fait Dalygaran pour se débarrasser de l’épidémie sans autre pilote que moi après la mort du Commandant ?

Mira : On a complètement changé votre vie, c’est vrai. Mais à ce qu’on a pu voir, vous êtes la bonne personne à la bonne place. Vous êtes un individu d’une planète alpha aidant des planètes gamma et delta. Il ne s’agit pas que de génétique. C’est vous. Comment vous vous comportez avec ce qui vous est donné. Nous avons beaucoup de chance, oui beaucoup de chance de vous avoir rencontré.
Élisa : Mira, je pensais que vous ne m’aimiez pas. Je me sens un peu embarrassée maintenant.

Mira: Ne le soyez pas. Je n’aide jamais les gens pour lesquels je n’ai pas de respect.
Reymo : Moi non plus. Prenez soin de vous. Vous semblez penser que votre prochaine mission ne nécessitera aucun contrôle du stress. Mais on ne sait jamais ce à quoi on va être confronté. Votre formation vous aidera, j’en suis sûr.
Élisa : D’accord, vous avez peut-être raison.
Mira : Il a raison.
Élisa : D’accord. Je ne vais pas me chamailler avec vous à ce sujet – dit-elle en souriant. Mais avant que je m’en aille, j’ai une autre question. Nori va-t-il m’oublier quand je vais quitter votre espace-temps ?
Mira : Non, il se souviendra de vous. Toute sa vie, je pense.
Élisa : Mais ce n’est pas un voyageur du temps, n’est-ce pas ? Il est bien dans son époque…
Mira : Oui, tout à fait. Vous vous souvenez de notre première rencontre ? Reymo vous a parlé d’un filtre de persistance qu’il a utilisé sur Terre pour n’être pas oublié. Il y a des filtres semblables dans chaque bâtiment stratégique de Frigellya, et le Palais en fait partie.
Élisa : Et cette pièce, elle est sous un filtre de persistance ?
Reymo : Ce n’est pas nécessaire. Il n’y a que nous deux qui venons ici. Et en tant que voyageur du temps nous nous souvenons de tout le monde. Dès que vous avez voyagé une fois dans le temps, vous êtes une anomalie pour la vie. Il y a quelque chose qui s’écrit au niveau moléculaire.
Élisa : Je comprends. Je dois partir maintenant. Je dois aller à Dalygaran 500 anneaux d’or avant mon époque. Vous pouvez m’aider ?
Mira : Attendez un moment. Je dois d’abord convertir les unités de temps Dalygariennes dans notre système Frigellyen. Je lance maintenant le calcul sur la tablette. Voilà. Élisa rappelez vous, c’est instantané. J’envoie ?
Élisa : Envoyez.
Et Élisa se dématérialise.

Annie

4 commentaires

  1. Bonjour Annie
    « Paul : Tu es une jeune Terrienne de 25 ans qui vit ce qu’aucun autre Terrien de son époque ne vivra jamais. C’est déjà en soi quelque chose de peu évidement à gérer. Et jusqu’ici, tu t’en est très bien sortie..  »
    C’est pas plutôt « C’est déjà en soi quelque chose de peu évident à gérer » ? et il me semble qu’il faudrait plutôt écrire « tu t’en es très bien sortie »
    Sinon, très bon épisode. Je pensais que son séjour allait se dérouler un peu plus longtemps, mais d’un autre côté, cela aurait certainement cassé le rythme de l’histoire. Donc, c’est aussi bien qu’elle reprend enfin sa mission de départ (pour le moment car j’imagine que les opposants à Christophe vont essayer de lui pourrir la vie).

    • Rooooh encore une coquille. J’espère qu’il n’en reste pas trop… Donc oui c’est « évident » et pas « évidement ». Je m’en vais corriger ça de suite. Quant à ce qui va se passer dans les prochains chapitres, il ne faut jamais jurer de rien 🙂

      • Bonjour Annie
        Désolé de revenir à la charge, mais à ma connaissance évident ne prend pas 2e (évideent) et je pense toujours qu’il faut écrire  » tu t’en es très bien sortie  » et non « tu t’en est très bien sortie » (c’est à la ligne juste en dessous).
        Quant à ce qui va se passer dans les prochains chapitre, je l’attends avec impatience.

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