0

Chapitre 1 – Un nouveau départ

Précédemment : Élisa une jeune Terrienne de 25 ans gagne un lot de 12 voyages dans l’espace grâce à une loterie. Voyageant par l’esprit, elle se voit offrir un corps sur une planète éloignée appelée Dalygaran. Elle y est retenue pendant 7 jours. Là-bas, elle découvre que son corps est en fait une machine qui peut lui permettre de se déplacer dans l’espace en se dématérialisant et rematérialisant. Sur Dalygaran, elle reçoit également un entrainement physique de la part d’un militaire appelé « le Commandant ». Deux mois après son retour sur Terre, le Commandant vient lui parler pendant son sommeil pour la supplier de revenir sur Dalygaran.

Sur Terre

“Ouvrez, ouvrez ! Mais bon sang, ouvrez !”

Élisa tambourine frénétiquement à la porte des deux Martin. Elle a déjà mis pas mal de temps pour arriver. Les transports sont rares la nuit et les deux Martin n’habitent pas tout près. Il s’est écoulé quelque chose comme une bonne heure depuis qu’elle a été réveillée par le message alarmant du Commandant. Elle allait recommencer à marteler des poings sur la porte quand celle-ci s’est ouverte sur un Sylvestre fatigué.

Sylvestre  : Élisa. Nous ne vous attendions pas si tôt, compte tenu des transports…
Élisa  : Quoi ? Qu’est-ce que vous racontez  ?
Sylvestre : Euh, je suis encore un peu endormi…
Élisa : Oui je vois.

Paul arrive lui aussi, l’air tout aussi fatigué que son acolyte.

Paul  : Vous êtes déjà là ?
Élisa : Mais vous parlez tous les deux comme si vous m’attendiez. Eh oh, les gars, ce n’est pas mon jour de peinture aujourd’hui. On est en pleine nuit.
Sylvestre : Non, sans blague…
Élisa : Je peux entrer ?
Paul : Mais bien sûr. Ne restez pas là. Allons plutôt dans le salon. Vous connaissez le chemin.

Ils se dirigent tous les trois vers le salon. Chacun des deux Martin s’assoie dans un fauteuil. Élisa reste debout et tente de leur expliquer.

Élisa : C’est le Commandant. Il est venu me parler dans mon sommeil…
Sylvestre : Vraiment ?
Élisa : Ne m’interrompez pas je vous en supplie. Il est venu me parler pendant que je dormais. Il est venu sans corps, m’a-t-il dit, pour me prévenir que Dalygaran courait un grand danger. Vous auriez dû entendre sa voix. Il avait l’air si faible et si désespéré. Ce n’est pas le Commandant que je connais. Il doit y avoir vraiment quelque chose de très grave là-haut. Et pourquoi je dois revenir, je n’en ai aucune idée. Mais si le Commandant s’est donné la peine de me le demander, c’est que c’est important. Je dois y aller.
Paul : Vous avez de la chance. Nous n’avons jamais cru en votre décision de ne plus voyager, et nous avons mis au point une petite pilule qui va vous permettre de partir d’ici, sans gaz et sans aller au centre de voyage de la loterie. Vous avez l’habitude de venir ici régulièrement. Ça n’étonnera donc personne, une visite de plus ou de moins. Mais attention, vous ne pouvez rester absente plus de 12 heures. Nous vous laissons voir ce qu’il y a de si important là-haut, et s’il faut un voyage plus long, revenez nous le dire. Nous trouverons une solution.
Élisa : Mais comment je vais savoir le temps terrien moi ?
Sylvestre : Vous êtes conditionnée à revenir sur un rappel. Nous vous rappellerons avant qu’il ne soit trop tard. La procédure est simplifiée quand il n’y a pas de gaz. Vous n’avez besoin d’aucune cabine de voyage. Nous vous avons préparé une pièce au calme, que vous puissiez vous allonger.
Paul : Je vais chercher la pilule.
Élisa : Franchement, vous me faites peur les gars. Vous n’avez jamais douté. Tout est prêt pour que je puisse partir.
Sylvestre : Élisa Martin nous vous connaissons mieux que vous ne semblez le penser…

Quelques heures auparavant sur Dalygaran.

Étoile Scintillant dans l’Immensité de l’Univers (Étoile) : : Commandant que faites vous ici, vous êtes très malade, vous devriez vous reposer.
Le Commandant : Il faut que je contacte Élisa. Elle seule peut sauver la planète. Elle sait se servir du transporteur.
Étoile : Comment, vous êtes au courant ?
Le Commandant : Dois-je en conclure que vous aussi avez vu Élisa se dématérialiser ?

Étoile Scintillant dans l’Immensité de l’Univers se racle la gorge.

Étoile : Oui.
Le Commandant : Et vous me l’avez caché ?
Étoile : Oui. Nous avions un pacte Élisa et moi. Je vous le disais, si vous lui disiez la vérité au sujet de son effacement de mémoire. C’est pourquoi j’ai tenté par tous les moyens de vous convaincre, souvenez-vous.
Le Commandant : Je m’en souviens effectivement. Et elle a fait ça quand ?
Étoile : C’est arrivé lors d’une de nos promenades botaniques, deux jours avant la réunion du Grand Conseil. Elle était très contrariée de devoir perdre la mémoire – elle croyait toujours à l’histoire du différentiel de temps. Sous le coup de l’émotion, elle s’est mise littéralement à clignoter. Elle ne voulait plus être ici, mais n’avait pas donné de destination, jusqu’à ce que je lui en souffle une. Après ça, j’ai dû tout lui expliquer. Pour la mémoire aussi. Et je dois vous avouer quelque chose à mon tour. Elle n’a pas pris la pilule contre le mal de la re-synchronisation. Elle a fait semblant et m’a redonné la pilule au moment où elle m’a serré la main, juste avant son départ.
Le Commandant : Vous avez fait quoi ?

Le Commandant lève la main au moment où Étoile Scintillant dans l’Immensité de l’Univers s’apprête à lui répondre.

Le Commandant : Peu importe mon ami. Moi je l’ai vu se dématérialiser lorsqu’elle s’est enfuie dans sa chambre, chez vous la veille de son départ. J’avais quelque chose à lui dire. Je n’ai pas pu. Je vous le dirai tout à l’heure à tous les deux, lorsqu’elle sera là. Il me faut une pilule de voyage. Vous voulez bien aller m’en chercher une ?

C’est bien la première fois que le Commandant appelle Étoile Scintillant dans l’Immensité de l’Univers “mon ami”. Même après qu’il ait été reçu plusieurs fois chez lui et sa femme, depuis le départ d’Élisa. Il se dit que c’est un grand service que le Commandant  lui demande là car il est certain que le Haut Commandement n’est pas informé de cette initiative. Et il sait également que le Commandant ne peut plus faire fonctionner le transporteur du fait de son piteux état. Le seul autre être dans tout l’univers sachant utiliser cette machine est Élisa. Elle devient de fait le dernier espoir de Dalygaran. Car si rien n’est fait, cette planète court à sa perte. Une grande épidémie fait des ravages depuis plus d’une lune ici. Le remède existe, mais nécessite une plante que seule une personne sachant piloter le transporteur peut ramener. Beaucoup trop de gens sont déjà morts. Étoile Scintillant dans l’Immensité de l’Univers ramène la pilule de voyage au Commandant.

Étoile : Voilà pour vous. Je devrais peut-être le faire à votre place. Vous êtes à bout de forces…
Le Commandant : Merci mon ami, mais je dois le faire moi-même. J’ai besoin de vous  pour préparer le corps pour Élisa en salle de désembarquement. Elle va venir, j’en suis certain. Vous avez du travail. Revenez me voir dès que ce sera prêt. En attendant, je tente de prendre contact avec elle.

Lorsque le corps est prêt pour Élisa, Étoile Scintillant dans l’Immensité de l’Univers vient avertir le Commandant. Mais celui-ci ne respire plus. Il a l’air apaisé cependant. Une grande tristesse envahie Étoile Scintillant dans l’Immensité de l’Univers. Il avait appris à apprécier cet homme au fil du temps. Ils travaillaient ensemble sur le projet de corps-transporteur. Lui comme scientifique, représentant du centre de voyage spatial et le Commandant comme représentant de l’autorité Dalygarienne et pilote des outils et machines créés. Avait-il réussi à joindre Élisa ? Était-ce ce dernier effort qui lui avait coûté la vie ? La maladie aurait eu raison de lui dans les prochains jours, Étoile Scintillant dans l’Immensité de l’Univers le savait fort bien. Et si Élisa avait été prévenue plus tôt, peut-être aurait-il pu être sauvé lui aussi. Mais il était trop tard maintenant. Après avoir fait le nécessaire pour qu’on s’occupe du corps du défunt, Étoile Scintillant dans l’Immensité de l’Univers retourne en salle de désembarquement. Et le voilà qui fixe le corps-transporteur ne sachant plus que faire. Doit-il lui aussi tenter de joindre Élisa ? Si le Commandant n’y était pas parvenu, il devrait le faire. Avec son enfant à naître dans les prochains jours, il espère ardemment que cette épidémie se termine enfin. Il a peur pour le bébé, pour Fleur Parfumée de la Plaine d’Isadora. Ni lui, ni elle ne sont infectés pour le moment. Mais la maladie progresse vite. S’en protéger est illusoire. Elle est dans l’air, dans l’eau, partout. Aussi le corps de désembarquement a été placé dans une bulle stérile. Élisa ne doit emmener aucun germe avec elle. Si jamais elle vient.
Étoile Scintillant dans l’Immensité de l’Univers se redresse subitement. Oh cette sensation il la connaît fort bien. Quelqu’un vient d’arriver. Le corps s’anime bientôt.

Étoile : Élisa ?
Élisa : Oui.
Étoile : Vous voilà enfin. Restez où vous êtes s’il vous plaît. Enfin vous pouvez vous asseoir, mais surtout ne sortez pas de la bulle stérile.

Élisa s’assied. Elle retrouve son corps Dalygarien. Le corps qu’elle partage avec le Commandant.

Élisa : Étoile Scintillant dans l’Immensité de l’Univers, que se passe-t-il ? Le Commandant m’a demandé de venir. Il n’est pas ici ?
Étoile : Le Commandant ne viendra pas Élisa. Après vous avoir contacté, il ne s’est pas réveillé.
Élisa : Que voulez-vous dire ?

La voix d’Élisa se casse sur ces dernières paroles.

Étoile : Élisa, le Commandant nous a quitté. Il était déjà très malade. Il n’a sans doute pas eu assez de forces pour revenir après vous avoir délivré son message…
Élisa : Oh mon dieu, non.
Étoile : Il avait quelque chose à nous dire, à nous deux. Mais nous ne saurons jamais maintenant. Il avait changé depuis votre départ, vous savez.
Élisa : Comment ça ?
Étoile : Il était devenu… mélancolique. Nous l’avons reçu plusieurs fois chez nous et parlions de vous. Fleur Parfumée de la Plaine d’Isadora a fini par lui donner votre autoportrait. Je peux vous dire que cela lui a fait très plaisir.
Élisa : Je ne sais quoi dire…
Étoile : Ne vous inquiétez pas. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’il vous aimait beaucoup et qu’il avait confiance en vous. Il a choisi de vous appeler lui-même. Il n’a jamais douté que vous viendriez. Je sens votre peine, mais je suis désolé, je vais devoir vous parler de la mission qu’il voulait vous confier. Le temps presse.
Élisa : Une mission ?
Étoile : Oui, il n’y a plus que vous qui sachiez utiliser ce corps comme transporteur. Et nous avons besoin de quelqu’un qui sache voyager.
Élisa : Vous avez fini par lui dire alors ?
Étoile : Pardon, je ne vous suis pas.
Élisa : Le Commandant, comment savait-il pour moi et le transporteur ?
Étoile : Le soir de la veille de votre départ, lorsqu’il est venu vous voir, vous vous êtes dématérialisée devant lui, lorsque vous vous êtes enfuie dans votre chambre.
Élisa : Oh ?!  Et depuis ce jour-là, il n’a rien dit à personne…
Étoile : Non. Et il a été très étonné que moi aussi je sois au courant. Lui et moi n’aurons plus jamais d’autre explication à ce sujet…

Étoile Scintillant dans l’Immensité de l’Univers prend une pause, le temps d’évacuer sa peine.

Étoile : Lorsque vous êtes partie, le Haut Commandement a demandé à ce que le Commandant mette les bouchées doubles, pour procéder aux derniers réglages du corps de voyage. Et il a travaillé sans relâche jusqu’à ce qu’il tombe malade. Ce corps peut voyager partout désormais, mais le plus important pour votre mission, il peut voyager dans le temps.
Élisa : Quoi ? Qu’est-ce que vous dites ? Dans le temps ? Mais c’est impossible !
Étoile : J’ai bien peur que non.
Élisa : Étoile Scintillant dans l’Immensité de l’Univers, je ne sais vraiment pas si je pourrais vous aider. Que suis-je censée faire ?
Étoile : Oh vous pourrez Élisa, vous pourrez. Je vous ai vue à l’œuvre. Vous intégrez très vite les nouvelles fonctionnalités qui vous sont offertes.
Élisa : Mais si je peux voyager dans le temps, alors peut-être je pourrais sauver le Commandant…
Étoile : Il y a une règle immuable pour les voyages spatiaux temporels : on ne peut modifier ce qu’il s’est déjà passé sur sa propre ligne de temps. En clair rien de ce que vous pourriez tenter pour sauver le Commandant ne peut aboutir. Il faisait partie de votre ligne de temps. Et il est mort maintenant. Je suis vraiment désolé. Par contre, vous pouvez sauver beaucoup de Dalygariens en stoppant l’épidémie actuelle.
Élisa : Mais quel est le rapport avec les voyages spatiaux temporels. Je ne comprends pas.
Étoile : Je vais vous expliquer. L’épidémie actuelle est la résurgence d’une épidémie très ancienne. Nous avions cru le pathogène disparu. Des recherches sont en court pour savoir comment il a pu réapparaître aujourd’hui et à ce niveau de virulence extrême. Le problème est que la seule chose qui peut stopper ce pathogène se trouve à l’intérieur d’une plante aujourd’hui disparue. Et les données que nous pouvons avoir de cette époque ont été endommagées. Nous n’avons ni formule pour synthétiser la molécule qui nous manque, ni échantillon conservé quelque part. Nous avons juste un croquis et un nom et l’assurance que cette plante est notre solution. Il va donc falloir retourner dans le passé pour recueillir un échantillon de cette plante afin que nous puissions isoler la molécule, puis en produire une quantité suffisante pour stopper l’épidémie.
Élisa : Votre technologie est très avancée. Vous n’avez pas un autre moyen d’action ?
Étoile : Nous manquons de temps Élisa. Les combinaisons sont infinies et le pathogène progresse chaque jour. Plus le temps passe et plus il devient virulent. Nous n’avons déjà que trop tardé à réagir. Le Commandant a juste eu l’énergie de valider le voyage dans le temps par un petit saut. Il commençait déjà à faiblir. Il n’a pas pu prendre en charge cette mission.
Élisa : Je comprends…
Étoile : Vous trouverez dans la poche intérieur de votre combinaison une mini tablette avec le croquis de la plante dont vous devez nous ramener un échantillon. Son nom c’est l’étoile du matin. Car elle n’est ouverte que le matin et sa corolle est en forme d’étoile. Peu importe l’état du spécimen que vous trouverez. Même séchée nous retrouverons la structure que nous cherchons. Mais vous devrez la mettre dans le tube de conservation temporel que je vous ai glissé dans la poche sur votre jambe gauche avant de revenir dans notre époque. Sinon elle serait inutilisable. Quand vous voyagerez dans le passé, soyez discrète. Normalement les gens ne se souviendront plus de vous dès lors que vous quitterez leur espace-temps. Vous êtes comme une anomalie lorsque vous êtes dans une époque qui n’est pas la vôqtre. Vous n’imprimez pas les souvenirs. Mais néanmoins vous devez absolument éviter d’attitrer l’attention. Et surtout, ne pas parler du futur aux gens du passé. Avant de partir à la recherche de l’étoile du matin vous devez apprendre à maîtriser les sauts dans le temps. Vous devez pouvoir remonter au moins de 500 anneaux d’or et ensuite être capable de revenir ici. Votre mini tablette vous indiquera l’époque à laquelle vous vous trouverez. Ah j’oubliais : vous êtes protégée par un protocole de sécurité, qui ne vous permettra de vous matérialiser que là où ce sera sans danger.
Élisa : Je vois. C’est une bien lourde responsabilité que vous me donnez là…
Étoile : Je sais, Élisa, je sais. Vous voulez bien nous aider ?
Élisa : Bien sûr. Quelle question ! Comment on fait alors pour voyager dans le temps ?
Étoile : Il faut déjà activer la fonctionnalité. Le plus simple est de penser à une époque que vous avez toujours voulu visiter.
Élisa : Vaudrait mieux pas, l’époque que je rêve de voir depuis toute petite c’est le Juras…

Et Élisa se dématérialise devant les yeux médusés d’Étoile Scintillant dans l’Immensité de l’Univers.

Annie

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.