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Chapitre 2 – Un meilleur réveil

Sylvestre entre dans le salon et découvre Élisa assise dans le fauteuil et le nouveau Terrien David allongé sur le canapé, recouvert par une petite couverture.
– On est allé manger juste en bas hier soir et à notre retour, il s’est endormi le temps que j’aille nous chercher deux verres d’eau, chuchote-t-elle.
– Mais tu aurais pu aller t’allonger dans la pièce d’à coté.
– J’aurai pu. Mais j’ai préféré rester près de lui.Sylvestre sourit.
– Viens donc avec moi dans la cuisine. Nous allons préparer le petit-déjeuner.
Et ils s’en vont tous deux dans la cuisine.

– Merci.
– Merci pour quoi demande Sylvestre.
– Pour lui, et pour ça, dit-elle en agitant la clé magnétique que les deux Martins lui ont donné la veille avant leur départ pour le restaurant.
– Vous avez passé une bonne soirée tous les deux hier soir ?
– Il a mangé comme un ogre. Je voyais bien qu’il mourait d’envie que je lui raconte comment j’avais trouvé l’étoile du matin. Mais nous étions dans un lieu public. Alors nous avons parlé de la Terre. Il m’a posé des tonnes de questions.
– Il n’était réveillé que depuis une paire d’heures lorsque tu es arrivée.
Tout en parlant, Élisa et Sylvestre dressent la table et préparent des boissons fraîches et chaudes.
– Il était encore très faible lorsqu’il a ouvert les yeux. Il lui a fallu du temps pour réussir à se lever et faire quelques pas sans tourner de l’oeil. Mais nous avons du mal à le convaincre de rester tranquille. C’est une vraie tête de mule ce gars là.
Élisa sourit.
– Une tête de mule adorable, murmure-t-elle

Paul entre à son tour dans la cuisine.
– Bonjour tout le monde ! lance-t-il enjoué. La soirée a été bonne Élisa ?
– Je l’ai passé en charmante compagnie. Et ça, c’est grâce à vous deux.
– Et où est donc passé notre tout nouveau Terrien ?
– Il dort encore. Il s’est endormi comme une masse peu après notre retour hier.
– Il avait besoin de récupérer. Il revient de loin, répond Paul. Il n’aurait pas été raisonnable que tous les deux vous entrepreniez le chemin jusqu’à ton appartement hier soir.
– Je sais. Le jour où j’ai pris possession de mon corps sur Dalygaran, je me suis écroulée pareil, juste après manger. Il faut gérer tant de nouvelles sensations subitement que ça vous vide littéralement de votre d’énergie. Et quand vous vous réveillez le lendemain matin, c’est comme si vous aviez toujours vécu dans ce corps. Les repères sont pris. J’espère que ce sera pareil pour lui.

– Ça sent rudement bon ici !
– David, s’exclame Élisa, rayonnante.
Ils se tiennent tous les deux, face à face, chacun à un bout de la pièce.
Paul et Sylvestre les regardent l’un après l’autre. Il leur parait évident que ces deux là sont en excellents termes. Paul dit en levant les yeux au ciel :
– Pitié, si vous attendez notre permission pour vous embrasser, vous pouvez attendre longtemps.
Élisa se met à rire, et sans plus hésiter s’en va se réfugier dans les bras du Commandant.
– Ce réveil-ci est beaucoup plus agréable que le précédent, lui murmure-t-il à l’oreille.
Élisa le prend par la main et l’amène près de la table.
– Viens manger. Tu vas voir, les petits déjeuner Terriens sont très bons eux aussi.

Tout le monde s’assoit et le petit déjeuner se déroule dans la bonne humeur. Jusqu’à ce que le Commandant déclare :
– Je dois retourner sur Dalygaran.
Élisa et les deux Martins se sont arrêtés de manger. Les regards convergent tous vers le Commandant.
– Je dois retourner sur Dalygaran, répète-t-il. Ils me croient mort là-bas. Je dois prévenir ma famille, mes amis. Le Grand Conseil et le Haut Commandement aussi.
– Oh mon dieu. Il doivent t’enterrer aujourd’hui. Il faut annuler tes funérailles, ajoute Élisa.
Les deux Martins ne disent toujours rien.
– Paul, Sylvestre, je vais bien. Je peux voyager, dit le Commandant.
Sylvestre se lève et va chercher une sonde en forme de stylo.
– Laissez moi en juger, dit-il en passant la sonde tout autour de la tête du Commandant, puis le long de sa poitrine.
Il sort de la pièce une nouvelle fois, et revient avec une tablette dans les mains.
– Effectivement, ça n’a plus rien à voir avec hier. Vous êtes en parfaite santé.
– Nous avons des pilules de voyage d’une durée de 12h Terriennes, annonce Paul. On ne peut pas faire mieux pour le moment…
– Attendez je vais chercher le communicateur pour prévenir Étoile Scintillant dans l’Immensité de l’Univers.
– Un communicateur Élisa ? demande Paul.
– Oui, c’est Étoile Scintillant dans l’Immensité de l’Univers qui me l’a donné. Je suis passée le déposer hier en vitesse avant de prendre ma pilule d’extraction.
– Voyez vous ça. Tu rentres et sors d’ici comme dans un moulin. Tu n’as pas besoin de clé finalement, lui répond Sylvestre sur un ton faussement boudeur.
– Je reviens tout de suite.
Et Élisa quitte la pièce.

– Pourquoi vous me regardez comme ça ? demande le Commandant aux deux Martins.
– Nous vous avons choisi pour prendre soin d’elle. Ne nous décevez pas, répond assez rudement Paul.
– Je ne vous ai pas attendu pour prendre soin d’elle. J’ai trahi mon pays pour qu’elle puisse revenir ici, vous n’avez pas besoin de me parler sur ce ton, dit-il entre ses dents.
Lorqu’Élisa revient dans la pièce le communicateur à la main, elle perçoit une certaine tension. Elle allume le communicateur et enclenche la liaison directe avec son ex-hôte.
Lorsqu’il apparait à l’écran elle lui dit :
– Préparez le corps en salle de désembarquement j’arrive !
Et elle coupe aussitôt.
– Il doit être en train de grommeler à l’autre bout, fait-elle en souriant.
– C’est moi qui était censé y aller, proteste le Commandant.
– Mais c’est toi qui va y aller, lui répond-elle. Il va avoir une de ces surprises.
– Tu es…
– Je sais, impossible.

Annie

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