
Image par Carlos Insignares de Pixabay
Quand je me suis remise à l’écriture en mars 2014, j’avais deux envies : retrouver le plaisir d’écrire en racontant une histoire et pratiquer l’Anglais en l’écrivant aussi dans cette langue. Et je me suis lancée : j’avais un pitch, un semblant de plan et une scène à laquelle je tenais.
J’ai choisi la science-fiction, même si ce que j’ai écrit relève plus de la fiction que de la science. La raison en était simple, je pouvais ainsi avoir la main sur tout : mon monde, mes règles, mes lois. Je voulais d’autre part que mon personnage principal soit une femme. Et comme j’étais aux manettes, j’en ai profité pour virer les armes à feu de tous les mondes, disons à partir de bêta. La Terre du XXVe siècle, où démarre notre histoire, est au niveau alpha, ce qui représente sur l’échelle de l’évolution le stade le moins avancé.
Même si j’ai essayé de tenir une cohérence d’ensemble, cette histoire s’est écrite au fil de l’eau, scène par scène. Il y a eu énormément d’improvisation. Sauf pour la partie 4, qui tourne autour de la notion d’humanité et d’amour : là il y a eu beaucoup de préméditation.
Et pour ce qui concerne la nature de Paul et Sylvestre, deux personnages mystérieux de la première heure, la cause était entendue en ce qui me concerne depuis le début. Quant à mon héroïne, si elle tient le haut de l’affiche pendant deux parties, elle finit par la partager dans les trois autres.
Au départ, j’ai vraiment voulu faire une histoire autour d’une jeune femme. Mais au final, les autres personnages ont pris leur place naturelle. Ce que je retiens des deux années et demie qui m’ont conduite jusqu’au début de la partie 5 — le final en quelque sorte — c’est une belle aventure, un vrai plaisir d’écrire, et une relation particulière avec celui qui relit ma version en Anglais. Il est auteur lui aussi, et nos échanges ne s’arrêtent pas à de simples problèmes de vocabulaire ou de grammaire. J’attends toujours ses remarques avec impatience. Même si je ne suis pas toujours d’accord avec lui…
L’écriture d’un chapitre se fait la plupart du temps de manière simple : un jet, quelques retouches et c’est envoyé. Parfois, il faut passer par une version bancale, voire carrément nunuche, un truc que tu as presque honte d’avoir écrit pour que ça finisse par prendre forme après quelques gros remodelages. Quand ça coince, c’est important de pouvoir partir de quelque chose, même mal fichu.
Mais des fois, ça coince pour de bon et c’est la page blanche. La page blanche, je l’ai connue, pendant trois mois, après la fin de ma quatrième partie. Je n’arrivais plus à m’intéresser à mes personnages, je n’avais plus d’aventures à leur proposer. J’avais formé mes couples, ils pouvaient bien vaquer à leur vie… sans moi. De toute manière, j’étais ailleurs. La loi travail était passée par là et la naissance d’un mouvement citoyen m’a occupé l’esprit un bon moment.
Ça m’ennuyait quand même beaucoup d’être arrivée si loin dans cette histoire sans parvenir à y mettre un point final. Et puis un jour, je me suis rendue à un atelier de peinture, sur le thème du lâcher-prise. C’était une séance d’essai, un cadeau d’anniversaire. Alors j’ai essayé, et ça a tout débloqué.
J’ai repris mes personnages et j’ai pu terminer. Aujourd’hui, je vois un parallèle entre l’expression écrite et l’expression par la peinture : il faut poser et voir ensuite ce qu’on en fait. Au final, tout réside en un seul ingrédient secret : oser démarrer.
Alors si vous aussi, il y a quelque chose qui vous démange, même si vous ne savez pas vraiment ce que vous voulez faire, même si vous doutez avoir un quelconque talent, faites-vous plaisir : lancez-vous. C’est le chemin qu’on prend qui importe, pas le niveau de ce qu’on sort ou qu’on pense avoir. Vous verrez, on en tire une immense satisfaction. Et ça fait rudement du bien.