L’apprentissage de la détection du brouillage ne fut pas facile. Elle ne l’est d’ailleurs jamais. Il arrive même que certains échouent. Le Commandant avait confiance en Élisa. Il devait juste trouver comment lui décrire ce qu’elle devait ressentir. Quelque chose qu’on sait sans vraiment le savoir. D’un point de vue de Dalygarien empathique depuis la naissance, c’était quelque chose de plutôt compréhensible. Mais Élisa était une Terrienne et il devait faire appel à son système de référence à elleUne nouvelle fois, il lui demanda d’utiliser les techniques de relaxation enseignées par Nori et son instinct pour protéger la maison qui hébergeait son esprit. “Un gaz inodore est en train d’entrer, sens le danger… Il n’est pas indétectable, ton instinct sait qu’il y a quelque chose d’anormal. Tu sais sans vraiment savoir. Suis ton instinct. Verrouille ta porte, construis ton mur de briques.”
Élisa avait fini par sentir cet espèce de danger, de menace sur son esprit, la présence qui se cache. “Je chasse le fantôme” s’était-elle dit.
Le Commandant voulut terminer l’entraînement psychique par l’inverse du verrouillage, soit l’invitation à laisser diriger son esprit par un autre. C’est ainsi qu’il avaient pu fuir tous les deux Dalygaran, alors que le Commandant portait un inhibiteur de déplacement autour du cou. Mais pas moyen. Élisa n’arrivait pas à ouvrir suffisamment son esprit pour que le Commandant puisse la guider. Elle eut l’impression de trahir son compagnon. De n’être pas à la hauteur. “Ça fait deux jours que je te demande de tout bloquer Élisa. Enchaîner des exercices aussi opposés n’était pas une bonne idée. Je m’excuse de t’avoir imposé ça. On y retravaillera plus tard. Je sais que tu y arriveras. Tu ne te rends même pas compte à quelle vitesse tu apprends. Moins d’une journée pour la détection d’un brouilleur, c’est un exploit.”
Toujours dans l’abri, avec Mira et Reymo, les quatre analysent ensemble les données qui leur parviennent sur l’empoisonnement des eaux de Dalygaran par une bande de Frigellyens rebelles. Ils en avaient identifié 4 : Rigo, Tiléan, le fameux Inissina et sa femme, Ardine. C’est Ardine qu’Élisa avait “neutralisé” comme elle le disait encore. Ces quatre là étaient fichés comme mercenaires. Mais s’ils aimaient l’argent et pouvaient se montrer parfois violents, ils n’avaient pas le profil d’assassins. Il paraissait évident que tout cela était le fait d’une ou plusieurs autres personnes qui tiraient les ficelles par ailleurs. Et la piste que suivait Mira et Reymo rejoignait celle sur l’enquête au sujet de l’agression du fils du couple royal en Mésopotamie. Les deux pistes menaient au Palais Royal. C’est pour cela que protocole d’urgence avait été déclenché. C’était une très mauvaise nouvelle.
Élisa : Vous soupçonnez quelqu’un ?
Reymo : Nous soupçonnons tout le monde. Bref, on patauge.
Mira en train de consulter un écran de contrôle s’écrie soudain : “On les a repérés”.
Reymo : Fait voir ça…Et il lit à son tour les données. Rapidement, la conversation des mercenaires est transcrite sr l’écran.
Mira : Ils sont ici, sur Frigellya, le quatuor de mercenaires.
Le Commandant : Votre stratégie ?
Mira : Les arrêter. Ils ont déjà causé beaucoup de morts. Nous n’avons pas le temps de mettre au point une stratégie qui nous permettrait de remonter au commanditaire.
Élisa : Si le Commanditaire est au Palais, une petite fuite pourrait le conduire à l’erreur.
Reymo : Je ne m’y risquerai pas. Le commanditaire est quelqu’un de très radical. S’il se sent en danger, il se contentera d’éliminer le problème…
Devant le regard interrogateur d’Élisa, Reymo précise : “il se débarassera des quatre mercenaires”.
Mira : Leur arrestation doit au contraire se faire dans la plus grande discrétion. Nous comptons sur votre aide Commandant.
Élisa : Et moi ?
Mira : Vous ne sortez pas d’ici. Aucun autre Frigellyen à part nous ne connaît votre existence sous cette forme. Nous avons drogué notre instructeur pour garder ce secret.
Le Commandant : Et j’ai drogué Ardine pour qu’elle oublie qu’on était deux.
Élisa : Tout le monde a l’air d’accord alors.
Le Commandant : Élisa, ne fait pas cette tête.
Élisa : Je sais en mission, je dois suivre tes instructions. C’est juste que je vais me retrouver seule. J’aimerais pouvoir dessiner. Ca me détend…
Reymo : Je vous active le grand écran en mode dessin
Élisa : Merci.
Et il lui donne le stylo électronique.
Mira : Partons. Commandant, installez vous sur un des sièges de notre transporteur, nous vous emmenons avec nous.
Discrètement, Mira dirige un petit appareil en direction d’Élisa, puis le range dans une de ses poches.
Les voilà partis.
Le Commandant : La salle de combat ?
Reymo : Nous savons que nous pouvons y parler librement et Nori est chez lui avec un mal de crâne carabiné. Effet secondaire de la drogue que nous avons lui administré.
Le Commandant : Un debriefing hors de la présence d’Élisa hein ?
Mira : Commandant, nous allons vous demander de servir d’appât. Vous vivez ensemble et elle est humaine…
Le Commandant : J’aurai pu lui expliquer vous savez.
Reymo : Nous le savons. Mais plus le temps passe et plus le risque qu’ils s’en aillent de là où ils sont augmente.
Le Commandant soupire. Lui aussi est humain maintenant. Son caractère Dalygarien reste dominant, mais toutes ces contradictions qu’ils n’avaient pas gérer auparavant l’épuisent parfois. Ils ont raison se dit-il. Le temps presse, et convaincre Élisa n’aurait pas été aisé. Il finit par répondre :
– Je comprends.
Reymo : D’accord. Vous êtes Élisa, vous visitez Frigellya. Vous n’avez pas encore rencontré les trois personnages que vous avez vu sur Dalygaran. Et vous allez croiser leur chemin. Vous ne leur prétez pas attention. Ça va les intriguer. Grâce à nos dispositifs d’écoute, nous savons avec certitude qu’ils reviennent juste de Dalygaran. C’est ce que j’ai lu sur l’écran tout à l’heure. Nous improviserons par rapport à leur réaction. Voici votre itinéraire. Vous êtes un touriste. Ayez une attitude de touriste… féminin. Parce que vous allez être vraiment dans sa peau.
Mira sort le petit appareil de sa poche.
Mira : Voici un morpheur. La forme terrestre d’Élisa y est paramétrée.
Le Commandant : Vous croyez que les mercenaires connaissent sa forme terrestre ?
Reymo : Les seuls Frigellyens autres que nous qui ont vu Élisa, l’ont vu sous ses deux formes. Et ça inclut l’un des hommes masqué de Mésopotamie. Elle a commis l’erreur de lui montrer.
Mira : Regardez quel joli bracelet ça vous fait. Bouton rouge pour prendre l’apparence d’Élisa. Bouton vert pour revenir à votre corps de voyage.
Le Commandant appuie sur le bouton rouge.
Mira : Ouah, on a beau le savoir, c’est impressionnant. Cependant évitez de parler quand vous serez à l’extérieur, ça ne transforme pas la voix.
Le Commandant : D’accord.
Reymo : Voici votre itinéraire.
Il tient dans sa main une tablette et il montre un plan au Commandant.
Reymo : Nous savons que les quatre mercenaires sont là. Ils ont l’air d’avoir beaucoup d’argent à dépenser en boisson et en jeu. En face, il y a une exposition d’hologrammes Frigellyen. Prenez votre temps pour la contempler. Ils doivent vous avoir remarqué avant que vous ne repartiez. Vous devez endormir leur méfiance en vous promenant de manière détendue. S’ils cherchent à vous tester, vous ne les reconnaissez pas, vous leur faite votre plus charmant sourire.
Le Commandant : Ça j’avais compris.
Reymo : S’ils vous suivent, vous nous les amenez en douceur, ici. Le porche est facilement reconnaissable. Nous espérons qu’ils seront assez intrigués pour commettre l’imprudence de passer la porte derrière vous. A ce moment-là, ils seront à nous. Vous avez le régulateur sur vous ?
Le Commandant : Oui je l’ai toujours.
Mira : On va vous envoyer directement dans une rue adjacente. Ici.
Et elle pointe son doigt sur la tablette.
Reymo : A vous de jouer. J’envoie ?
Le Commandant : Envoyez.
Et c’est ainsi que le Commandant sous la forme de la Terrienne Élisa Martin, se promène nonchalamment dans les rues de Frigellya. Comme il lui a été demandé, il prend son temps pour regarder l’exposition d’hologrammes Frigellyens. En fait, il recherche toute surface réfléchissante lui permettant de se rendre compte de la réaction des quatre mercenaires. Il a vite repéré les endroits d’où il pouvait les voir sans qu’ils ne le remarquent. D’après l’agitation qu’il observe, il se dit que le poisson est ferré. Il décide de continuer son itinéraire.
De l’autre coté de la rue, les quatre mercenaires sont confus.
Ardine : Mais je te dis que c’est elle. J’ai peut-être oublié ce qu’il s’est passé sur Dalygaran, mais j’ai eu son dossier entre les mains.
Tiléan : Qu’est-ce qu’elle fait ici ?
Ardine : Du tourisme apparemment.
Inissina : Tu lui avais pourtant mis un collier inhibiteur de déplacement.
Ardine : C’était, sous la forme de son corps de voyage Dalygarien, quand on était dans son époque à elle. Il n’est pas certain qu’on se soit déjà rencontré. De son point de vue je veux dire.
Rigo : Qu’est-ce qu’on fait ?
Inissina : On paie et on la suit. Discrètement.
Le Commandant suivant les instructions des deux Frigellyens les mènent doucement jusqu’au porche. Il passe la porte.
Dehors les 4 compères hésitent.
Inissina : Quelqu’un sait ce qu’il y a derrière ?
Ardine : Une cour sans doute. Nous allons la perdre.
Rigo : On devrait attendre qu’elle ressorte.
Inissina : Et qui te dit qu’elle va ressortir par là ?
Tiléan : On a qu’à être des touristes nous aussi. Il est permis de se perdre. Entrons…
Et le petit groupe finit par rentrer.
Inissina : Des boutiques…
Ardine : Une touriste ordinaire qui a dû se faire conseiller quelques adresses. Tiens elle est là-bas devant un magasin de jouets…
Puis soudain tout disparaît laissant place à des murs plutôt froids.
Mira : Qu’avez vous pensé de notre projection holographique ? Vous pouvez reprendre votre forme maintenant.
Le Commandant appuie sur le bouton vert.
Inissina : Qu’est-ce que c’est que ça ?
Le Commandant : Un piège, on dirait.
Ardine : Vous savez qui nous sommes.
Le Commandant : Oh que oui, et j’ai servi d’appât.
Inissina : Vous ne pourrez pas nous retenir. Nous avons un employeur très malin. Nous aussi nous avons nos petits bracelets. Et si nous sommes pris, nous devons appuyer sur ce bouton pour l’avertir et être envoyé à l’abri. Au revoir.
Et ils disparaissent tout dans un flash de lumière bleue.
Mira: On s’est fait avoir on dirait, ce n’est pas aujourd’hui qu’on les arrêtera.
Le Commandant : Ce sont eux qui se sont fait avoir. Ils sont tous morts.
Reymo : Qu’est-ce que vous dites ?
Le Commandant : Le flash bleu. Je ne l’oublierai jamais. C’est ce qui arrive à une personne qui se retrouve en deux exemplaires dans la même pièce alors elle provient du même espace temps. Leur commanditaire les a renvoyé sur eux-mêmes. Ils se sont vaporisés.
Mira : J’avais entendu parler de ce phénomène, mais je ne l’avais jamais vu.
Le Commandant : Moi si…
Reymo : Mira ton nettoyeur était actif ?
Mira : Oui, tout signal entrant ou sortant a été enregistré. On devrait pouvoir remonter la piste jusqu’au meurtrier maintenant… On rentre à la base.
Élisa est très heureuse de les voir arriver. Mais elle remarque la gravité affichée par le Commandant et les deux Frigelleyens.
Élisa : Qu’est-ce qui s’est passé ?
Le Commandant : Élisa, nous avons affaire à quelqu’un de très dangereux. Ils sont tous morts.
Puis il lève les yeux vers l’écran. Mira et Reymo remarquent son soudain silence et se tournent également vers le grand écran. Le Commandant finit par murmurer :
– C’est nous deux.
Élisa : Oui au moment où nous allons partir de la forêt Dalygarienne pour arriver dans l’abri. Tu as l’inhibiteur autour du cou. Les mercenaires sont morts ?
Mira : C’est magnifique…
Élisa : Je vous demande pardon ?
Mira : Le dessin je veux dire. Il est…
Élisa : … réussi je vous l’accorde. Mais les mercenaires, ils sont morts comment ?
Le Commandant n’arrive pas à se détacher les yeux de l’écran. Élisa a reproduit d’une manière très réaliste la forêt Dalygarienne qui les entoure. Elle est de dos, et lui de face, et sur son visage, elle a parfaitement traduit l’abandon total qu’il a eu vis à vis de sa compagne pour se laisser guider.
Élisa : Quelqu’un va me répondre.
Le Commandant ferme les yeux quelques instant avant de se tourner vers Élisa. Il lui répond :
– Boucle spatiotemporelle. Deux exemplaires d’une même personne en provenance du même temps dans une même pièce. Pschitt. Vaporisé.
Élisa : C’est horrible.
Le Commandant : Ils pensaient être envoyés à l’abri. Ils n’avaient aucune chance de s’en sortir. Leur commanditaire avait prévu de les éliminer au moindre pépin. Élisa, je regrette de t’avoir entraîné là-dedans. Cette personne est très dangereuse.
Élisa : Tu ne m’as entraînée dans rien. Je me doutais bien que suivre un soldat en mission comportait quelques risques. Mais nous pouvons les prendre ensembles. Nous épauler. On forme une bonne équipe non ?
Le Commandant : Élisa tu n’es pas un soldat…
Élisa : Oui, ça je sais.
Le Commandant : Laisse moi finir. Tu es douée. Tu as des capacités extraordinaires et tu es intelligente. Mais tu ignores les règles, de celles qui pourraient te sauver la vie dans certaines situations. Que ce soit en mission ou ailleurs, je m’en voudrais toute ma vie s’il t’arrivait quelque chose par ma faute. Mais, tu as parfaitement raison, nous formons une bonne équipe, et je ne veux pas d’autre partenaire que toi pour mes missions. Ensemble, nous pouvons être redoutablement efficaces. Mais il te reste tellement à apprendre. Le personnage que nous traquons aujourd’hui est de ceux qui tirent partie de la moindre faille. L’inexpérience en est une. Et c’est pourquoi je m’en veux de t’avoir amené quasiment jusqu’à lui.
Élisa : Techniquement parlant, c’est moi qui t’aies amené jusqu’ici…
Le Commandant: Élisa, tu es impossible
Élisa : Je sais.
Le Commandant : Je m’en veux, mais je suis heureux de t’avoir à mes cotés.
Mira : C’est contradictoire…
Élisa et le Commandant : C’est humain !
Élisa : Tu sais qu’en cas de danger, je suivrai tes instructions sans discuter.
Le Commandant : Oui je le sais.
Reymo qui pendant tout ce temps-là s’était affairé à décrypter les données enregistrées par le nettoyeur laisse échapper une exclamation, interrompant la conversation.
C’est avec une voix où l’incrédulité et l’effroi sont mêlées qu’il dit : “ Le signal est parti des appartement privés de Nori”.
Mira : Il n’a pas pu faire ça. Il est alité avec des maux de têtes atroces par ma faute…
Reymo : Mira, ça vient de chez lui. Il n’y a aucun doute là-dessus.
Mira : Fait voir ça… Mon Dieu. Tu as raison.
Le Commandant : Nori vit seul ?
Reymo : Non, il a une femme.
Le Commandant : Pas d’enfant ?
Reymo : Pas d’enfant. Juste une femme.
Mira : Elle ? Machiavélique à ce point ? J’ai du mal à le croire. Elle est plutôt du genre effa… Oh mon Dieu. La dernière personne qu’on soupçonnerait. Effectivement.
Élisa : Vous croyez que c’est elle ?
Mira : A moins qu’ils n’aient un invité surprise chez eux, Nori étant hors jeu, il ne reste qu’elle.
Reymo : On doit l’arrêter maintenant.
Mira : Commandant, nous aimerions que vous restiez ici avec Élisa. Si jamais il nous arrivait quelque chose, quelqu’un doit pouvoir témoigner.
Le Commandant : Je comprends. Y-a-t-il moyen de voir ce qui va se passer ?
Mira : Je vais m’équiper d’une petite caméra. Vous allez pouvoir tout suivre d’ici via un canal sécurisé.
Mira fixe sur son chemisier un insigne.
Mira : Tu devrais mettre le tiens aussi.
Reymo : Ce sont nos plaques d’officier de la garde royale. Celui de Mira dispose d’une petite caméra. Nous les portons rarement, mais pour une arrestation au Palais, je pense qu’ils sont de circonstance…
“Frigellyen” pense Élisa.
Mira active la caméra.
Mira : Voilà l’image sur l’écran. Nous y allons.
Arrivés devant la porte des appartements de Nori, Reymo sonne. La porte s’ouvre. C’est la femme de Nori qui les accueille.
Mira : Bonjour Alie. Pouvons nous rentrer ?
Alie les regarde sans mot dire un instant. Elle fixe leurs insignes. Puis d’un ton cinglant, elle leur lance :
– Oh, vous avez enregistré le signal. J’aurai dû m’en douter.
Reymo : Alie, vous ne cherchez même pas à… Mais qu’avez vous donc fait ?
Alie : Qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai fait de leur vie un enfer. Le couple royal et son bonheur écœurant. Leur palais, leur règne, leur fils. Tout ce que je n’ai pas eu… C’est mon Nori qui aurait du être roi, pas le mari de sa dinde de sœur. Oh voir leur règne tomber en lambeau grâce à cette guerre a été une telle délectation. Ça a été si facile de souffler sur les braises. Et quand ils ont enfin eu leur rejeton, alors que moi je n’ai jamais pu en avoir, je ne pouvais pas les laisser goûter ce bonheur. Lorsqu’ils ont cherché à le cacher dans l’espace et le temps, je me suis arrangée pour qu’ils ne le retrouvent jamais. Il m’a suffit de trafiquer le calculateur de coordonnées. La Reine a cru toute sa vie qu’elle s’était trompée en les recopiant. Alors qu’en fait, les coordonnées étaient simplement fausses. Je n’ai plus eu qu’ensuite à m’assurer qu’on s’occupe de la nounou. Et le morveux n’avait plus aucun lien avec la planète. Alors, je les ai vu souffrir, comme moi j’ai souffert…
Mira : Mais enfin, de quoi avez vous souffert ?
Alie : De n’avoir eu que les miettes. La gentille femme de l’instructeur. Celle qu’on ne remarque pas. Ce palais, il devrait être à moi.
Reymo : Pourquoi avoir empoisonné l’eau de Dalygaran ?
Alie : Cette épidémie a dépassé largement mes espérances. C’était pour occuper cette fille, cette voyageuse du temps dans un corps Dalygarien. La détourner de sa mission pour Frigellya. Mais elle n’a pas eu la réaction escomptée. Elle s’est occupée de nos affaires d’abord. Elle nous a conduits jusqu’au fils du roi. Les incapables que j’ai envoyés se sont laissés capturer. Heureusement ils ne savaient pas grand chose. Mais moi j’ai réussi à savoir ce qu’ils savaient. J’ai eu une copie de leur dossier, avec de belles images à l’intérieur. Cette fille en corps de voyage Dalygarien et sous sa forme terrestre…
Mira : Vous allez devoir nous suivre Alie.
Alie : Oh il n’en est pas question.
Puis elle se rend compte que son mari est dans la pièce. Il est effondré.
Alie : Depuis quand es-tu là ?
Nori : J’ai tenté de me lever dès que j’ai entendu la porte sonner. Je suis là depuis suffisamment longtemps. Mon Dieu, qu’as tu fait ?
Alie : Je l’ai fait pour toi.
Nori : Tuer des gens, pour moi ? Mais tu es complètement folle !
Alie : Oui, je suis folle d’avoir pensé que tu méritais tout ça. Je méritais tout ça. Mais vous ne m’aurez pas. Personne ne m’arrêtera. Vous voyez ce bracelet ? C’est le même que mes défunts complices. Adieu.
Mira et Reymo : Non !
Alie disparait dans un éclair bleu.
Nori : Elle s’est échappée…
Mira : Nori, elle s’est suicidée. Elle s’est envoyée sur elle même. Deux exemplaires d’un individu du même espace temps, dans la même pièce.
Nori : C’est mortel.
Reymo : Oui, et le Commandant nous a dit que ça produisait ce type d’éclair bleu.
Nori : Le Commandant ?
Mira : Tu te souviendras de lui dans quelques temps…
Des larmes coulent sur les joues de Nori.
Nori : Je n’ai rien vu venir.
Reymo : Personne n’a rien vu venir.
Nori : Je ne comprends pas…
Il s’essuie ses joues et renifle.
Nori : Tous ces morts pour un palais ? Je n’ai jamais voulu être roi.
Mira : Tu n’es pas responsable…
Nori : C’était ma femme. Ma propre femme. Celle avec laquelle j’ai toujours voulu avoir un enfant. Celle pour qui j’aurais donné ma vie.
Mira : Nori, je ne sais pas quoi te dire. C’est une très mauvaise surprise pour tout le monde je crois.
Nori : J’ai besoin de vider mon esprit. Mais pas ici. Je vais aller me trouver un coin calme dans les jardins. Je crois que je vais avoir besoin de vous dans les prochains temps. J’aimerais reprendre du service, je veux dire partir en mission.
Mira : Nori, tu sais bien que tu pourras toujours compter sur nous.
Reymo : Toujours Nori.
Nori: Je vous remercie. Partez faire votre rapport à qui de droit maintenant. Allez…
Reymo et Mira retournent d’abord à l’abri.
Le Commandant et Élisa les regardent en silence. Tout le monde a l’air triste.
Élisa : Tous ces morts sur Dalygaran, c’est ma faute…
Mira : Élisa vous n’avez tué personne, et les seuls responsables de vos capacités, n’oubliez pas, c’est nous. Commandant, nous sommes désolés. Nous allons faire notre rapport au couple royal. Il semble que Frigellya ait une énorme dette vis à vis de votre planète maintenant.
Le Commandant : Je suppose que oui, mais vous en avez déjà payé une bonne partie.
Mira : Comment ?
Le Commandant : Élisa a permis – certes involontairement – à nombre de Dalygariens de survivre à une première épidémie. Notre planète telle qu’elle est aujourd’hui, enfin dans notre présent n’aurait jamais existé sans elle et les capacités de voyage que vous lui avez donné.
Élisa : Rien n’est blanc, rien n’est noir.
Le Commandant : Néanmoins si une coopération technologique pouvait soulager votre conscience…
Mira : Vous ne perdez pas le Nord, vous alors… Nous discuterons de ça avec notre Grand Conseil.
Le Commandant : J’attends leur décision. Élisa, rentrons.
Élisa : J’aimerais visiter Frigellya. Je peux sortir d’ici maintenant non ?
Mira : Écoutez, je pense que votre sécurité est assurée dans l’enceinte du palais maintenant, mais au dehors rien n’est moins sûr. Il vaut mieux de toute manière ne pas vous promener sous votre forme Dalygarienne, il n’y aurait pas mieux pour attirer l’attention.
Reymo : Pour vous promener dans Frigellya, il faudrait que vous changiez tous deux d’apparence. Y compris vous Élisa. Vous montrer dehors sous votre forme terrestre ne serait pas prudent.
Élisa : Oh…
Mira : Mais ça peut s’envisager.
Le Commandant : Je ne crois pas que…
Élisa : S’il te plaît. Je meurs d’envie de faire le tour de la ville…
Le Commandant : Tour de ville, repas, repos et on retourne sur Dalygaran demain matin. On est d’accord ?
Élisa : On est d’accord.
Le Commandant : On va prendre l’apparence de qui alors ?
Élisa : Attends, attends, comment on fait pour prendre l’apparence de quelqu’un d’autre ?
Le Commandant : Avec un morpheur.
Devant le regard interrogateur d’Élisa, Mira se lance dans une explication.
Mira : Les morpheurs sont des bracelets contenant l’apparence d’une personne. Ils fonctionnent à peu près comme les révélateurs, sauf que lorsqu’on appuie sur le bouton, c’est l’apparence contenue dans le bracelet qui est montrée. La différence fondamentale entre les deux c’est que la voix reste la votre.
Le Commandant : C’est comme ça qu’on a piégé les mercenaires tout à l’heure. Je me suis fait passé pour toi, sous ta forme terrestre.
Élisa : Vraiment ? J’aurai aimé voir ça. Mais dites moi, comment ça se fait que je me suis retrouvée dans un de ces bracelets, moi ?
Mira : On vous a enregistré juste avant de partir…
Élisa : Sans me le dire évidement.
Mira : Oui. Le temps pressait Élisa.
Le Commandant : Élisa, si je n’avais pas eu la certitude que tu aurais fini par approuver ce plan, je ne me serai pas prêté au jeu. Il était hors de question que tu serves d’appât et moi j’avais l’entraînement qu’il fallait pour ça.
Élisa : Oui, je sais que tu aurais fini par me convaincre… et vous deviez faire vite.
Le Commandant : Voilà.
Élisa : D’accord, admettons.
Mira : A la bonne heure.
Élisa : Et on va être déguisé en qui finalement ?
Reymo : On a une banque de personnages à disposition. On doit pouvoir trouver un garçon et une fille dans vos âges.
Reymo active l’écran toujours par le même geste. Mira sort d’un tiroir deux bracelets identiques à celui qu’elle avait donné au Commandant quelques temps plus tôt.
Elle appuie sur le bouton rouge du premier et le dessin du bracelet s’affiche sur l’écran. Par des gestes rapides, elle appuie sur divers menus et des visages masculins s’affichent devant elle. Elle fait glisser un de ces visages vers le dessin du bracelet. Puis rappuie une autre fois sur le bouton rouge. Le dessin disparaît de l’écran. Elle donne le premier bracelet au Commandant.
Puis elle répète l’opération avec le deuxième bracelet, choisissant un autre visage parmi un échantillon de visages féminins. Et donne le bracelet à Élisa.
Mira : Il n’y a qu’un bouton sur ce bracelet : le rouge. Une pression et vous changez de forme, une seconde et vous reprenez votre forme initiale. On va vous trouver quelqu’un pour vous accompagner. Vous êtes des invités de La Reine et du Roi à qui on fait faire un tour de ville. On est d’accord.
Élisa : On est d’accord.
Mira : La Reine souhaite vous avoir à sa table ce soir, vous et le Commandant.
Le Commandant : Nous sommes honorés.
Mira : Si vous souhaitez vous reposer un peu au retour de votre tour de la ville, votre chambre est déjà prête. Élisa, c’est la même que la dernière fois.
Élisa : D’accord.
Reymo : Appuyez sur vos boutons rouge. Je vous emmène au Palais en transporteur. Votre accompagnateur vous attend.
Élisa : En route pour un peu de tourisme !
Bonjour Annie.
Je t’écrie juste pour te signaler que le lien qui mène à cette page dans l’onglet « Le cycle d’Elisa » est incorrect. Il amène au chapitre 11 « Mission accomplie du cycle « question de temps » au lieu du présent chapitre
Bonjour Cyrille,
Oups : c’est corrigé !
Merci 🙂