P. Martin : La voilà de retour. Procédure de retrait des gaz.
S. Martin : Procédure de retrait des gaz enclenchée.
P. Martin : Allons en salle de débriefing. Je suis vraiment curieux de voir ce qu’elle a à nous raconter cette fois-ci…
P. Martin : Par ici Mademoiselle Martin, où allez vous donc ?
Elisa : Euh vous êtes… euh
S. Martin : Tout va bien Mademoiselle Martin ?
Elisa : Attendez, je suis dans la salle de voyage de la loterie, c’est ça ?
P. Martin : Oui.
Elisa : Ah, ça y est, je sais qui vous êtes. Les deux seigneurs ! Ben qu’est-ce qu’il y a ? Vous en faites une tête. C’est pas comme cela que vous vous appelez ?
S. Martin : Non ! Enfin si. Mais jamais personne ne nous l’a dit comme ça, devant nous.
Elisa : Je ne comprends pas. Attendez. Oh je vois. C’est une sorte de sobriquet, c’est ça ?
P. Martin : Pas une sorte de. C’est un sobriquet.
Elisa : Oh oh, désolée, là vraiment désolée. J’ai la mémoire un peu chamboulée. Il n’y a rien de clair dans ma tête. Et je dois vous appeler comment ?
P. Martin : Martin et Martin.
Elisa : Eh je m’appelle Martin moi aussi. On est de la même famille ?
S. Martin : Peu probable.
P. Martin : Mademoiselle Martin, Elisa, qu’est-ce qui se passe ? Que vous est-il arrivé ?
Elisa : C’est là tout le problème. Je n’en sais rien. Je ne me souviens pas. C’est comme si j’étais parti et revenue aussitôt. Entre les deux rien. Absolument rien.
S. Martin : Comment ça rien ?
Elisa : Rien. Je n’ai rien à raconter. C’est quoi ça ?
P. Martin : Une sonnerie de téléphone.
Elisa : Ah. Et où il est ce téléphone ?
S. Martin : Dans votre sac à main on dirait.
Elisa : …
S. Martin : Votre sac à main, là bas sur la chaise.
P. Martin : Je vais aller vous le chercher. Vous ne semblez pas dans votre assiette.
Elisa : Oh ça sonne à nouveau.
S. Martin : Décrochez, le débriefing semble terminé de toute manière.
Elisa : “La grincheuse”
P. Martin : Quoi ?
Elisa : C’est ce qui est écrit sur l’écran.
P. Martin : Vous ne décrochez pas ?
Elisa : C’est que…
S. Martin : Vous avez oublié ça aussi ?
Elisa : Je…
P. Martin : Pouce sur le rond vert et portez l’appareil au niveau de l’oreille. Retournez-le.
Elisa : Maman ? Je…
Le téphone se retrouve sur la table, avec une Elisa déconcertée le regardant fixement.
P. Martin : Si vous laissez ce téléphone sur cette table sans raccrocher, on va tous continuer à entendre qu’elle est vraiment furieuse. Index sur rond rouge. Voilà. Écoutez, je ne sais pas ce qui s’est passé aujourd’hui, mais il n’est pas question que nous vous laissions rentrer toute seule dans cet état. Nous allons vous faire raccompagner. Et nous prendrons de vos nouvelles à la fin de notre service.
Elisa : Oui. Merci.
Quelques instants plus tard.
S. Martin : Je te l’avais dit. A force de traficoter sa mémoire on a fait de vrais dégâts.
P. Martin : Là je dois dire que je ne comprends rien. Il faut vraiment qu’on ait les résultats des test génétiques pour savoir à qui on a affaire. Allons vérifier dans notre courrier si enfin les calculs ont donné un résultat. J’ai changé l’hypothèse de départ.
S. Martin : Ah ?
P. Martin : Oui, j’ai retiré le paramètre de transformation…
S. Martin : Tu as l’air déçu.
P. Martin : Le rapport du jour n’est pas encore arrivé.
S. Martin : Tu sais bien que ça arrive rarement avant 16h.
P. Martin : Tu as raison. Je ferai une vérification après 16h.
Après 16h.
P. Martin : Alors, alors. Voilà, les résultats sont arrivés. Et… Bingo, il y a une correspondance. Sylvestre regarde moi ça.
S. Matin : Non !
P. Martin : Si !
S. Martin : Roooh c’est énorme…
P. Martin : Cher confrère, je suis d’accord. Tu sais ce que ça veut dire ?
S. Martin : Qu’on va avoir des ennuis ?
P. Martin : Mais non crétin. On a suivi le protocole avec les données qu’on avait. Mais, ses capacités, tout s’explique.
S. Martin : C’est clair.
P. Martin : Et elle devrait plutôt commencer à se souvenir : phénomène de restauration spontanée, spécifique à cette espèce. Un peu plus lent chez elle assurément. Mais là, elle a complètement perdu la boule.
S. Martin : Ça tu peux le dire.
P. Martin : Il y a vraiment un truc qui cloche. On ne peut pas la laisser toute seule. Allons lui rendre visite.
S. Martin : Maintenant ?
P. Martin : Maintenant !
A l’appartement d’Elisa
P. Martin : Mais c’est quoi ce bazar ?
Elisa : Hiiiiiii ! Mais qu’est-ce que vous f… faites là ?
S. Martin : La porte n’était pas fermée.
Elisa : La porte sss’est ouverte toute seule…
P. Martin : mais vous êtes complètement saoule.
Elisa : Je vais b… bien ! Tout à l’heure j’ai v… vomi. Mais là je v… vais bien.
P. Martin : Je vois ça.
S. Martin : Mais qu’est-ce que vous avez fait ?
Elisa : J’ai goûté tout ce qu’il avait dans le réf… le réfrigérateur. Et ça, ça là, ça c’est délicieux.
S. Martin : Vous avez mangé un pot de glace en entier ?
P. Martin : Pas un seul on dirait.
P. Martin pointe un deuxième pot vide du doigt
Elisa : Oh celui-là ? Il était en… tamé.
P. Martin : Pourriez vous envisager de lâcher la bouteille que vous avez à la main.
Elisa : C’est du ch… du ch… champagne. C’est écrit sur l’étiquette. Ça pique. C’est rigolo… J’lai trouvé dans l’armoire. Au milieu des habits. C’est un drôle d’endroit pour une bouteille. Mais… moi j’lai trouvé…
S. Martin : Et vous l’avez vidé.
Elisa : Ouiiiiiiiii ! Il en reste… plus. C’est dommage. Mon petit ami arrive dans… dans… euh, oups, 10mn et ya plus rien. Oh, je crois que je… vais… pas b…
P. Martin : Joli rattrapage Sylvestre.
S. Martin: Manquerait plus que le petit ami débarque.
P. Martin : J’imagine bien sa tête en découvrant sa petite amie évanouie dans les bras d’un étranger. Ça risque de pas lui plaire.
S. Martin : Mais qu’est-ce qu’on peut faire ?
P. Martin : On l’embarque chez nous.
S. Martin : T’es pas bien ?
P. Martin : T’as une meilleure idée ? On ne peut pas la laisser ici dans cet état. On ne peut pas la laisser voir son petit ami avant de comprendre ce qui lui arrive. On l’embarque. Dépêchons nous. Il pourrait arriver d’un moment à l’autre.
S. Martin : Eh tu pourrais m’aider à la porter.
P. Martin : Et qui ouvre le chemin ? Vaudrait mieux que personne nous voit. Je te suggère la charger sur ton épaule. Comme un sac à patate. Elle est menue. Tu vas y arriver.
S. Martin : Ben voyons. Et si on se relayait hein ?
Chez Martin et Martin
P. Martin : Voyez vous ça, Mademoiselle Martin ouvre les yeux.
Elisa : Oh ma tête. J’ai un de ces mal de tête.
S. Martin : Vous avez la gueule de bois. C’est ce qui arrive quand on boit trop d’alcool.
Elisa : D’alcool ?
S. Martin : Mais oui d’alcool, le champagne c’est de l’alcool. Vous débarquez sur cette planète ou quoi ? On dirait que vous ne connaissez rien à rien.
Elisa : Ne criez pas s’il vous plait.
P. Martin : Oh Sylvestre, tu es un génie.
S. Martin : Ah ?
P. Martin : Attends je reviens.
P. Martin : Me revoici. Attention : 5, 4, 3, 2, 1 et j’appuie sur le bouton…
Elisa : Aaaah, mais qu’est-ce que c’est que ça ? Un analyseur psychique ? Vous croyez que je n’ai pas assez mal au crâne comme ça ?
P. Martin : Pourriez vous m’expliquer comment une Terrienne, habitante d’une planète de niveau alpha, connait l’existence des scanners psychiques ?
Elisa : j’ai bien face à moi un soit disant habitant de la même planète de niveau alpha qui utilise un scanner psychique.
S. Martin : Vous pourriez expliquer au génie ? L’un de vous. S’il vous plait.
P. Martin : ce n’est pas Elisa.
Pas Elisa : Vous n’êtes pas humain.
S. Martin : Ce n’est pas Elisa ?
P. Martin et Pas Elisa : Non.
S. Martin : Ah. Et alors c’est qui ?
Pas Elisa : Vous d’abord.
P. Martin : Vous plaisantez ? Vous n’êtes pas en mesure de marchander. A l’heure qu’il est vous vous êtes fâché avec votre mère, votre petit ami doit être furieux d’avoir trouvé porte close hier soir, et vous avez des tas de choses à apprendre sur ce monde si vous ne voulez pas créer d’autres catastrophes. Êtes vous ici pour anéantir la vie d’Elisa Martin ?
Pas Elisa : Non, bien sûr que non.
P. Martin : Eh bien vous devez déjà rattraper vos bourdes et nettoyer l’appartement de Mademoiselle Martin. En quelques heures vous avez fait de sacrés dégâts.
Pas Elisa : Et là on est où ?
S. Martin : Chez nous. Personne ne vous cherchera ici.
P. Martin : Ça va nous donner du temps pour trouver une jolie histoire à servir à votre maman et votre petit ami. Vous allez devoir vous montrer très gentille avec eux.
Pas Elisa : Mais vous avez vu comme moi. Elle a enregistré sa mère sous le nom de “la grincheuse”.
P. Martin : J’ai pas dit que ça allait être simple. Votre nom ?
Pas Elisa : Vent de Printemps sur la Montagne Laurina.
S. Sylvestre : Laurina, c’est sur Dalygaran ça non ?
VPML : Vous connaissez Dalygaran ?
P. Martin : On dirait.
S. Martin : Elle est sur Dalygaran…
VPML : Oui.
P. Martin : Et que faites vous dans son corps ?
VPML : J’occupe la place, si j’ose dire. Elle ne peut pas revenir.
P. Martin : Vous lui avez donné un corps…
VPML : Oui.
P. Martin : Et elle ne peut pas sortir avant que vous ayez un échantillon de son sang pour lui fabriquer la capsule d’extraction.
VPML : Oui. Et comme vous semblez bien renseigné vous devez savoir que le Grand Conseil doit statuer sur son sort. Elle est arrivé sans corps.
S. Martin : Elle ne risque rien logiquement. Il devrait voter une aide au retour.
VPML : Vous avez l’air de nous connaître parfaitement.
P. Martin : On a une mémoire d’éléphant.
VPML : Pardon ?
P. Martin : C’est pas dans votre traduction ? Une mémoire absolument gigantesque.
VPML : Ah !. Ça va prendre un certain temps. Je veux dire la réunion du Conseil ne peut pas se faire dans l’immédiat. On ne pouvait pas courir le risque qu’elle ne soit pas revenue dans son corps avant que les gaz soient coupés.
P. Martin : Vous lui avez sauvé la vie. Enfin sa vie terrestre. S’il n’y avait eu personne dans ce corps au moment du retrait des gaz, après un quart d’heure, le lien aurait été définitivement rompu. Elle ne pouvait plus revenir ici.
VPML : Oui mais je n’ai pas eu le temps d’en apprendre beaucoup sur cette planète avant de venir.
S. Martin : Nous avons remarqué.
VPML : Hem. Et il y a autre chose.
P. Martin : Vraiment ?
VPMT : Elisa ici est une fille, pas vrai ?
P. Martin : Oh non ! Laissez moi deviner. Vous êtes un homme.
VPML : On dirait que ça vous amuse.
P. Martin : Désolé.
VPML : Vous n’en avez pas l’air.
P. Martin : désolé, je vous imagine en train d’essayer de recoller les morceaux avec le petit ami.
VPML : Ce n’est pas drôle.
P. Martin : Non, non, pas drôle.
VPML : Arrêtez de rire c’est vexant à la fin ! Et pis d’abord Elisa, elle est dans le même cas.
P. Martin et S. Martin : Quoi ?
VPML : On n’avait qu’un corps d’homme de disponible.
S. Martin : Ah, ça. Ça risque d’être compliqué.
VPML : Oh je vois, quand c’est moi ça vous fait rire. Quand c’est elle vous vous inquiétez.
P. Martin : Vous n’avez pas compris. C’est pour les votres que ça va être compliqué. Elisa est… particulière.
VPML : Oh. Et de quelle manière ?
P. Martin : On ne peut rien vous dire. Elle même n’est pas au courant.
VPML : Génial.
P. Martin : Bien assez bavardé. Nous devons préparer la suite de votre séjour sur Terre. Mettons nous au travail.
C’est trop marrant cette situation : une femme dans le corps d’un homme et un homme dans le corps d’une femme. Quelle idée ! Et nous ne savons toujours pas ce que montrent les analyses … encore du suspens.
Euh pour les analyses, en tout cas la révélation de l’origine des dons d’Élisa il faudra attendre la deuxième histoire.
Je sais, je suis cruelle :p